"S'exiler de la mélancolie"

Un petit homme, visage à jamais de qui est vraiment homme.

 
Du latin « advenio », signifiant « qui vient faire visite », « qui arrive », l’Avent célèbre quelqu’un que l’on attend, comme on se préparerait, à l’avance, à recevoir un ami cher, un amoureux, un enfant qui nous revient de loin.

Alors il s’agit de se préparer le cœur et l’âme. De préparer sa vie. Mais comment savoir reconnaître celui qui vient ?

Dans nos vies installées avec leurs habitudes, leurs certitudes souvent, leurs raisonnements, peut-on vraiment accueillir du neuf ? De l’inédit dont on ne peut savoir à l’avance où il nous mènera.

Proposons de faire de cet Avent une aventure pour reconnaître le neuf qui porte en lui la vie, l’avenir. Laisser derrière soi ce qui est sédimenté, enserré comme en un tombeau pour doucement s’élancer.
 
Que Dieu prenne chair dans la simple mais bouleversante histoire humaine, épouse ses peines, sa fatigue, est comme un hommage de notre Dieu à notre condition.

Un Dieu qui nous rend hommage en venant se mêler à nous. Un Dieu qui a quitté ses nuages – si tant est qu’il y ait jamais habité.

Dans une magnifique interview Julia Kristeva disait ceci au regard de son histoire, « vivre, c'est s'exiler et c'est d'abord s'exiler de la mélancolie ».

Alors oui notre Dieu s’est exilé d’un ciel lointain et n’est pas resté dans une mélancolie de sa toute-puissance imaginée, d’un au-delà de tout. Il est entré dans la toute-nouveauté : qu’un homme soit son chemin, sa vie, sa vérité.

Alors pour ce temps, pour nous aussi, la meilleure des préparations peut-être, est-ce de s’exiler de toute mélancolie, quand l’Église paraissait sûre, quand la société était stable, quand le monde était loin, quand nos vies semblaient plus en sécurité, quand tout paraissait plus simple.

Affronter avec joie cet exil pour espérer trouver l’étoile qui mène aux recommencements.