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Snapchat, vitrine de la pornographie auprès des plus jeunes !

Un article rédigé par Olivier Moch - RCF Liège, le 23 janvier 2025 - Modifié le 23 janvier 2025
La chronique com’ et médiasSnapchat, vitrine de la pornographie auprès des plus jeunes !

Snapchat, l’application populaire auprès des plus jeunes, est de plus en plus souvent détournée en véritable vitrine pour des contenus pornographiques. Décryptage. 

Visuel d'illustration, pornographie sur Snapchat ©CANVAVisuel d'illustration, pornographie sur Snapchat ©CANVA

Selon le quotidien flamand De Morgen, une école primaire de bruges signale un sérieux problème par suite d’une alerte lancé par un écolier qui s’est retrouvé dans un groupe Snapchat sur lequel sont diffusées des images pornographiques hard. Mais il convient aussi de préciser que l’application au petit fantôme n’est pas la seule concernée puisque des signalements ont été rapportés sur TikTok, Instagram, WhatsApp et Telegram… c’est-à-dire les plateformes sociales les plus utilisées par les adolescents. Pourtant, sur Snapchat, les contenus sont éphémères, ils disparaissent au bout de quelques instants et ne peuvent être lus qu’une seule fois… Mais ça, c'était avant ! C’est d’ailleurs ce qui a fait de Snapchat le réseau le plus utilisé pour le harcèlement, les ‘’preuves’’ disparaissaient rapidement et le harcèlement et les harceleurs étaient donc plus difficiles à identifier. Mais comme je le disais, c’était avant, car, comme toutes les plateformes, Snapchat a évolué et il est désormais possible, via certaines règles et paramètres, de modifier la durée de conservation et le nombre de visionnages.


De nouveau, ce n’est pas l’outil qui est à blâmer, ce sont les utilisateurs de l’outil qui détournent son utilisation. Snapchat a été pensé comme une application d’échanges privés et éphémères. Cette idée de "disparition automatique des messages" a séduit énormément de jeunes. Mais cette même fonctionnalité est aussi désormais détournée pour diffuser des contenus inappropriés en toute discrétion. Ensuite, il y a les "Stories" publiques et les groupes de discussion, où des contenus explicites circulent parfois de manière incontrôlée. Certains comptes anonymes publient des photos ou vidéos pornographiques et attirent des utilisateurs vers des plateformes payantes. L’algorithme de Snapchat peut aussi recommander des comptes inappropriés à des utilisateurs, ce qui les expose davantage à ce type de contenu.


Des chiffres inquiétants


Des études montrent que près de 80 % des adolescents ont été exposés à de la pornographie en ligne avant l’âge de 18 ans. Selon Rutgers, un centre d'études néerlandais, deux tiers des enfants de 9 à 12 ans ont déjà vu de la nudité sur internet, et même des scènes montrant de la sexualité pour un tiers d'entre eux. Snapchat et d’autres réseaux sociaux y contribuent, car ils offrent un accès facile et parfois accidentel à ces contenus. Il y a aussi des signalements croissants de sextorsion, où des jeunes sont menacés après avoir partagé des photos intimes. Ces chiffres montrent que le phénomène est préoccupant.


Alors, quels sont les impacts de cette exposition précoce à la pornographie ? La question mériterait d’être posée à un pédopsychiatre, mais personnellement, j’identifie plusieurs impacts ou conséquences : 

 

  • Sur le développement psychologique : être confronté à ces contenus à un jeune âge peut fausser la perception de la sexualité, des relations humaines et de son propre corps. Cela crée des attentes irréalistes et des complexes.
  • Sur les relations sociales : le harcèlement en ligne est courant. Par exemple, certains jeunes partagent des photos intimes sous pression et ces photos sont ensuite diffusées sans leur consentement. Cela peut mener à de graves cas de cyberharcèlement.
  • Sur la santé mentale : une exposition répétée peut entraîner une dépendance, de l’anxiété ou un repli sur soi, surtout si des incidents traumatisants surviennent, comme la sextorsion ou la diffusion non consentie de leurs images.
  • Sur le plan juridique : ce que beaucoup ignorent, c’est que même entre mineurs, partager ou recevoir du contenu intime et pornographique peut être considéré comme de la pédopornographie, avec des conséquences légales graves.

 

Parents, éducateurs, plateformes sociales, autorités... tous ont un rôle à jouer !


Les parents et les éducateurs ont évidemment un rôle fondamental à jouer. Ils doivent dialoguer avec les jeunes, sans jugement, sur les risques liés à la pornographie et aux réseaux sociaux. Il faut instaurer une relation de confiance pour qu’ils osent parler en cas de problème, mais aussi les éduquer davantage à la vie numérique, leur apprendre à paramétrer la confidentialité de leurs comptes et à ignorer ou bloquer les contenus inappropriés. Ils doivent aussi leur expliquer les dangers de partager des contenus intimes, même en confiance. Une fois publiés, ces contenus échappent à leur contrôle. Il est essentiel, me semble-t-il, d’apprendre aux plus jeunes à signaler les comportements inappropriés sur les plateformes. Snapchat, puisque c’est le fil rouge de cette chronique, propose des options pour signaler et bloquer les comptes suspects. Enfin, les plus jeunes doivent aussi savoir qu’ils ne doivent jamais hésiter à demander de l’aide en cas de harcèlement ou de sextorsion.


Bien entendu, les plateformes sociales ont aussi leur responsabilité ! Elles doivent renforcer leurs outils de modération pour détecter et supprimer rapidement les contenus explicites. L'UE avait tenté de soumettre des règles strictes aux principaux réseaux sociaux, dont Snapchat et Meta, en s'assurant notamment qu'ils mettent en œuvre les moyens nécessaires pour la protection des mineurs. Mais cela ne semble pas fonctionner. Les réseaux sociaux doivent aussi faciliter les signalements pour les utilisateurs et collaborer davantage avec les autorités pour identifier les utilisateurs malveillants. En ce qui concerne les autorités, justement, il est essentiel qu’elles mettent en place davantage de campagnes de sensibilisation pour informer les jeunes et les parents.


En outre, les changements annoncés par Meta en matière de modération sur ces plateformes ne sont pas rassurants ! Nous avons l’exemple de X dont la modération a été très largement assouplie par Elon Musk et qui est devenu un vrai paradis pour les diffuseurs de contenus pornographiques. Le risque sur Facebook, Instagram et WhatsApp est donc bien réel.

Après, comprenons-nous bien, je n’ai rien à reprocher à celles et ceux qui consomment de la pornographie, même à travers des réseaux sociaux dédiés et adaptés, tant qu’elle est légale et qu’ils sont majeurs !


La diffusion de contenus pornographique via les réseaux sociaux grand public est une réalité. Les adolescents y sont de plus en plus confrontés. La clé, c’est la vigilance et le dialogue. Les réseaux sociaux ne sont ni bons ni mauvais en soi, mais ils doivent être utilisés avec discernement. Les jeunes doivent savoir qu’ils ne sont jamais seuls face à ces situations et qu’il existe des ressources pour les aider.
 

RCF Liège
Cet article est basé sur un épisode de l'émission :
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