Le 26 juin 2023, Sophie Lavaud devient la première alpiniste française, hommes et femmes confondues, à avoir gravi les quatorze sommets les plus hauts du monde. C’est avec le Mont Nanga Parbat, au Pakistan qu’elle achève ce grand défi. Entre ténacité, patience et détermination, l’alpiniste revient, au micro de Grégoire Gindre, sur ce long chemin débuté en 2012.
Il aura fallu 22 expéditions à Sophie Lavaud pour atteindre l’objectif final de l’ascension des 14 sommets les plus hauts du monde. Le dernier en date est le Mont Nanga Parbat situé au Pakistan à 8 126 mètres d’altitude. Accompagnée de ses équipes pendant plus de dix années et notamment de Dawa sangay Sherpa, un népalais de 36 ans, elle parvient à clôturer ce grand défi. Au-delà de la prouesse sportive, c’est un réel projet personnel qui a nécessité de nombreux sacrifices.
De nationalité franco-suisse mais aussi canadienne, Sophie Lavaud grandit dans les montagnes de Haute-Savoie. Très rapidement, ses parents la mettent aux sports de neige, en débutant par le ski à l’âge de trois ans. Passionnée par l'alpinisme, elle explique qu’il n’a jamais été question « de la quête d’un record, ou d’une performance quelconque », mais seulement « un projet initié seule, et très personnel ».
Pour l’alpiniste française, cette envie d’ascension n’a pas été un déclic marqué d’une envie soudaine de se lancer dans l’aventure, mais plutôt un désir progressif. « C’est arrivé petit à petit, j’ai vite été attiré par l’altitude, et l’envie d’aller toujours un peu plus haut. Après 4 000m, 6 000m, j’ai ma première expérience à 8 000 mètres et ça m’a beaucoup plu ».
Pour parvenir à réaliser un tel exploit, des changements et une réorganisation de vie s’imposent. Plus de dix années ont été nécessaire pour préparer les ascensions et gravir les sommets. « Quand j’ai atteint le sommet de l'Everest en 2014, point culminant de la planète, j’étais dans une dynamique d'expédition, j’aimais la vie au camp de base. J’ai donc réorganisé ma vie, j'ai quitté mon job pour me consacrer à 100% à cette quête », raconte Sophie Lavaud.
Quand il faut deux jours en moyenne pour gravir un sommet de 4 000 mètres dans les Alpes, il faut deux mois pour un autre à 8 000 mètres.
Si les personnes ayant réussi l’ascension de ces 14 sommets peuvent quasiment se compter sur les doigts d’une main, c’est en partie à cause de la difficulté du défi. Ces exploits ne se réalisent pas en un clin d’œil, même si l’alpiniste Norvégienne Kristin Harila a battu tous les records en gravissant la totalité des sommets en 92 jours, cela nécessite normalement plusieurs années.
Chaque sommet a ses spécificités et ses embûches. Sophie Lavaud rappelle que « quand il faut deux jours en moyenne pour gravir un sommet de 4 000 mètres dans les Alpes, il faut deux mois pour un autre à 8 000 mètres ». Et la réussite ne se fait pas du premier coup pour tous. Il lui aura fallu au total 22 tentatives, dont les 14 réussies.
En alpinisme, il n’y a pas que la hauteur qui compte. Sophie Lavaud fait son top 3 des Monts qui lui sont apparus comme les plus compliqués et l'Everest n’y figure pas. « Le K2, viendrait en haut de la liste : 8611m, dont 3600 mètres de face très engagée avec des parties techniques. En numéro deux, l’Annapurna et en troisième le Nanga Parbat, qui eux aussi sont très dangereux. »
En 2022, le nombre de personnes ayant bouclé ce challenge a été remis en cause par un groupe d’experts. On passerait donc d’une quarantaine de personnes à seulement une dizaine. Ce club très fermé est désormais soumis à des conditions strictes, dont la principale est une preuve concrète, par signal GPS ou photographie, de la présence des grimpeurs aux sommets de la terre.
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