Nathalie Leenhardt revient sur l'abandon du contrat de vente de sous-marins à l'Australie. Et sur la question que personne ne pose : si on arrêtait de vendre des armes ?
J’ai voulu revenir sur l’évènement qui fait la Une ces derniers jours. Et qui se poursuit, à savoir la crise diplomatique autour des sous-marins à propulsion nucléaire. Vous le savez, le gouvernement australien a dénoncé un accord signé avec la France, au profit des Etats-Unis, provoquant des incidents diplomatiques comme on n’en avait pas vu depuis longtemps. On attend maintenant le coup de fil entre les présidents Biden et Macron. Mais ce qui m’a frappé ce n’est pas la reconfiguration des alliances internationales, cette montée des tensions entre les Etats-Unis et leurs alliés, et la Chine.
Non, ce qui m’a frappée, c’est la façon dont, dans un premier temps, tous les médias ont présenté cette affaire comme une catastrophe économique. Ce qu’elle est sans doute. Mais personne ou presque n’a abordé le cœur du sujet: le fait que notre pays est l’un des plus grands pourvoyeurs d’armes au monde, le troisième. Cela nous le savons mais ne l’interrogeons plus…
Nos gouvernants, passés et présents, veulent encourager la démocratie directe, le débat à coups de Grenelles de l’environnement, des droits des femmes ou de l’éducation. Et cela est bon, selon moi, même si on connaît les limites de ce genre d’exercice… Mais de notre rôle d’exportateur d’armes ? Que nenni. J’entendais même lundi matin sur une radio commerciale de grande écoute un éditorialiste expliquer, sans que personne ne le contredise, que vendre des conserves ou des missiles, c’est toujours vendre. Et bien non, pas tout à fait.
Je crois qu’il serait passionnant d’entendre de vrais débats sur ce sujet, entre ceux qui défendent le seul argument de l’emploi, et notamment les syndicats des entreprises d’armement, ceux qui poseraient des questions éthiques -comme les représentants des religions- ou ceux qui s’interrogeraient sur les limites… C’est ce que vient de faire Amnesty international dans une enquête où les auteurs soulignent l’incohérence française qui se targue de défendre les droits humains tout en armant les pires dictatures.
Que nous vendions des armes toujours plus sophistiquées à des régimes qui les utilisent contre leurs propres populations n’est-ce pas problématique ? Non je ne crois pas que ce soit naïf de désirer un débat public sur un sujet qui nous concerne toutes et tous en tant que citoyens. Et je crois que les chrétiens ont sur ce sujet un rôle essentiel à jouer. Les prophètes de tous les temps n'ont-ils pas toujours refusé le prêt-à-penser et posé les questions qui fâchent...
RCF est une radio associative et professionnelle.
Pour préserver la qualité de ses programmes et son indépendance, RCF compte sur la mobilisation de tous ses auditeurs. Vous aussi participez à son financement !