Devant l’Assemblée nationale, mardi après-midi, Edouard Philippe a présenté son plan de déconfinement, validé par 368 voix (contre 100 et 103 abstentions). Déplacements, commerces, écoles, travail, transports publics, port du masque … Le cadre est désormais établi, pour un déconfinement prudent.
Dès le 11 mai, les déplacements de chacun pourront se faire librement, sans remplir d’attestation. Mais les déplacements à plus de 100km resteront interdits, sauf pour motifs impérieux, professionnel ou familial. La pratique du sport sera autorisée à l’extérieur. Elle restera proscrite dans des lieux couverts. Il sera également possible d’aller se promener dans les parcs et les jardins mais là aussi, avec une certaine restriction, puisqu’ils ne seront ouverts que dans les départements classés « verts », c’est-à-dire les départements où l’épidémie semblera la moins menaçante. Par ailleurs, les grands musées, cinémas, théâtres et salles de concert resteront fermés, tout comme les salles des fêtes, mais aussi les plages qui seront inaccessibles au moins jusqu’au 1er juin. Quant aux rassemblements sur la voie publique, ou même dans des lieux privés, ils seront encore limités à 10 personnes. Les grands événements regroupant plus de 5.000 participants ne pourront, quant à eux, pas se tenir avant septembre.
Dès le 11 mai, la réouverture progressive des écoles maternelles et élémentaires est prévue. Sur la base du volontariat, a rappelé Edouard Philippe. Les collèges devraient reprendre dès le 18 mai, et la réouverture ou non des lycées sera décidée à la fin du mois de mai. Les groupes seront limités à 15 élèves, accueillis dans les écoles ou les locaux périscolaires, avec respect des gestes barrières, et mise à disposition de gel hydroalcoolique. Les masques seront prohibés en maternelle, pas recommandés en élémentaire, sauf si des symptômes sont détectés. Quant aux enseignants et encadrants, ils devront en porter. Les crèches, qui réouvriront le 11 mai, accueilleront des groupes de 10 enfants au maximum. La priorité sera donnée aux enfants de familles monoparentales, de parents soignants ou enseignants, ou de parents tous deux dans l'impossibilité de télétravailler. Les masques seront obligatoires pour les encadrants, et non pour les enfants. Karim Bacha , directeur d’une école élémentaire à L’Ile-Saint-Denis (Seine-Saint-Denis), représentant départemental du SNUipp-FSU, estime que le discours d’Edouard Philippe crée davantage encore de confusion. « Je n’ai pas compris si toutes les écoles élémentaires étaient ouvertes le 11 mai ou si elles l’étaient en fonction de leur localisation dans une zone rouge ou une zone verte. Nous attendions aussi un protocole qui nous explique les conditions sanitaires précises de la réouverture, nous n’avons rien eu à ce niveau-là. »
A l'exception des cafés, bars et restaurants, tous les commerces sont autorisés à rouvrir. Ils devront néanmoins mettre en place une limitation du nombre de clients et une gestion des flux pour respecter une distance minimale. Pour Francis Palombi, le président de la Confédération des commerçants de France, cette réouverture est une bonne nouvelle. Même s’il reste désormais à définir de manière plus précise les conditions sanitaires à respecter pour chaque type de commerce. « Un épicier bio caviste n’a pas les mêmes contraintes qu’un marchand de jouets ou qu’un habilleur. Il y a des règles de base que nous allons respecter mais nous avons entendu quelque-chose qui est important. Un commerçant pourra mettre une pancarte à l’entrée de son magasin indiquant que le masque est obligatoire ». Les marchés seront également ouverts, sauf si les maires ou les préfets décident le contraire. Les préfets pourront aussi maintenir la fermeture des centres commerciaux de plus de 40.000m2, puisqu’ils risquent de générer des déplacements de population importants, a rappelé le Premier ministre.
Le port du masque dans les transports en commun sera obligatoire, non seulement dans les taxis et les VTC qui n’ont pas de protection en plexiglas, mais aussi dans les bus et les métros. Le trafic, quant à lui, reprendra progressivement à partir du déconfinement, même si Edouard Philippe veut faire baisser la demande en favorisant le télétravail, en étalant les horaires et en demandant aux Français de considérer que les heures de pointe soient réservées à ceux qui travaillent. A la RATP, en Ile-de-France, 70% du trafic sera par exemple assuré dès la fin du confinement. Il est prévu de condamner un siège sur deux et d’installer des marquages au sol, afin de respecter au mieux les gestes barrière. Edouard Philippe a assuré qu’il y aurait assez de masques pour tous les Français, dès le 11 mai. Le Premier ministre a notamment précisé que l’Etat prendrait en charge 50% du prix des commandes de masques faites par les collectivités territoriales. Caroline Cayeux, la présidente de l’Association des Villes de France et maire de Beauvais, se montre plutôt rassurante, en tout cas pour son territoire : « Il est clair que nous aurons les masques nécessaires. Pour ma part, je serai en position de pouvoir offrir deux masques grand public aux habitants de l’agglomération du Beauvaisis, soit à un peu plus de 100 000 habitants. Un masque est offert par le président de la région des Hauts-de-France, Xavier Bertrand. Quant à l’autre, nous le faisons réaliser par des couturières bénévoles et professionnelles ». Une visioconférence est prévue aujourd’hui entre les représentants d’élus locaux, les préfets et l’exécutif, pour répondre aux différentes questions que se poseront les élus.
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