C’est un séisme politique pour la Suède. Dimanche 9 septembre dernier, le parti social-démocrate du Premier ministre, Stefan Löfven, est arrivé en tête des élections législatives avec 28,3% des voix. Il s’agit du pire score de cette formation politique depuis un siècle. Une victoire en demi-teinte pour le chef du gouvernement.
Derrière lui, les conservateurs suédois se hissent à la seconde place du podium, avec 19,7% des voix. Et juste derrière, on retrouve le parti des Démocrates de Suède, dirigé par Jimmie Akesson. Ce parti d’extrême-droite, qui espérait surfer sur une vraie vague de soutien, n’a recueilli que 17,7% des suffrages. Une fausse déception puisque ce parti a gagné cinq points supplémentaires en quatre ans. Un parti qui a fait campagne sur la vague migratoire qui secoue l’Europe, et la Suède notamment. Dans ce pays, 19% des habitants sont nés à l’étranger.
À l’heure actuelle, la Suède est donc ingouvernable. En effet, en attendant le dépouillement, mercredi prochain, des bulletins de vote des 200.000 Suédois vivant à l’étranger, gauche et droite obtiennent une égalité parfaite avec 143 sièges chacun à la chambre unique du Parlement, le Riksdag. Quoi qu’il en soit, la percée de l’extrême-droite représente un vrai choc en Suède. Elle s’inscrit néanmoins dans le mouvement populiste qui secoue l’Europe, après la Pologne, la Hongrie et l’Italie.
"Ce sont des pays qui, la Suède comme l’Allemagne, vont bien économiquement. Le chômage est au plus bas, la croissance est là. Ce sont de vrais problèmes de questions d’identités. Qui sommes-nous ? Est-ce-que les autres s’intègrent ? La peur de se faire déborder par des gens qui viennent d’ailleurs. Cela a toujours existé. L’Europe est un continent qui a souvent émigré. Il y a un vrai sujet qu’il ne faut pas prendre à la légère" explique Pascale Johanin, directrice générale de la Fondation Robert Schuman.
"Les réponses qui sont apportées par les extrêmes ne sont pas forcément de bonnes réponses. Elles sont très faciles à comprendre. Elles sont exploitées. De l’autre côté, il faut adapter le discours politique différemment. On peut voir un vrai problème qui mérite d’être vraiment posé. On arrivera à régler cette question tous ensemble. Les migrants touchent toutes les régions du monde" ajoute-t-elle.
Pour Martine Méheut, présidente de l'Association citoyenne pour l'Europe, "ce qui est derrière ce problème des migrants, et qui n’est pas une crise, car cela va durer tout le 21ème siècle évidemment, c’est la peur de l’autre. Pour la politique c’est capital. Une démocratie ne peut pas fonctionner avec la peur de l’autre. Derrière ce problème des migrants, il y a ce populisme qui vient d’une sorte de rétractation des citoyens qui vient de tout ce qui n’est pas leur. Aujourd’hui, beaucoup de choses changent, et devant tout ce changement ils sont tétanisés. C’est un problème politique dans ce sens où c’est un problème de civilisation. C’est le virus le plus dangereux pour l’Europe car l’Europe a été construite depuis sa création sur le désir de paix entre différentes cultures".
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