"C'est évidemment un événement exceptionnel, un moment de rencontres passionnant !" Mgr Jean Kockerols participe au synode sur la jeunesse, dont une première mouture du document final sera présentée demain. Au micro de Pauline de Torsiac et Olivier Bonnel, l'évêque auxiliaire de Malines-Bruxelles pose un regard critique sur la méthode de travail employée lors de ce synode. "Au niveau de la méthode je suis un peu surpris, confie-t-il, j'éprouve un manque au niveau du dialogue et une rencontre de fond avec tous ceux qui sont présents là bas."
Synode des jeunes, RCF se mobilise - Du 3 au 28 octobre, les évêques du monde entier sont réunis à Rome en synode pour réfléchir au thème: "Les jeunes, la foi et le discernement vocationnel". RCF bouleverse ses programmes pour vous faire vivre un moment historique pour l'Église.
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À une époque où les jeunes éprouvent une "difficulté" à trouver "de bons accompagnateurs" spirituels, selon les mots de Mgr Kockerols, celui-ci constate aussi la grande difficulté à apporter des réponses universelles à "la" jeunesse. Il considère même "très dangereux" d'employer le "terme générique les jeunes". On l'a vu en effet en donnant la parole aux jeunes, la plupart de ceux qui "sont en attente d'une aide très explicite", qui interpellent le pape et demandent aux évêques de les acccompagner dans leur vie de foi, sont pour la plupart des jeunes "branchés" sur l'Église comme le dit Mgr Kockerols. Mais beaucoup de jeunes sont éloignés de l'Église.
"Un des défis du synode" est de répondre à des jeunes qui "vivent des préoccupations très différentes dans le monde entier". Pour l'évêque auxiliaire de Malines-Bruxelles, c'est "difficile de trouver des points de convergence". "On essaie de trouver des conclusions qui peuvent s'appliquer à tout le monde, on essaie mais c'est particulièrement fastidieux." Dans Le Magazine du Synode, Mgr Kockerols réagit aux propos de Maguelonne, étudiante de 23 ans, qui témoigne de ses très fortes attentes vis-à-vis de l'Église : "Les contextes socioculturels étant tellement différents je crains fort qu'il soit impossible à l'Église universelle de donner des réponses universelles à ces questions."
Travail rendu sans doute plus difficile encore par la rigidité de la structure. C'est en tout cas le sens de la remarque de Mgr Kockerols, qui parle d'un manque de "créativité" de la part des évêques lors de ce synode. "Les évêques sont-ils si peu créatifs ?", se demande-t-il. "J'espère que je me trompe, mais c'est vrai que la structure étant un peu rigide elle ne permet pas vraiment une créativité."
De toute évidence le synode sur la jeunesse est aussi une occasion pour l'Église d'expérimenter et de réfléchir sur la manière dont elle travaille en synodalité. D'ailleurs, Mgr Kockerols souligne que "le travail synodal en Église est une thématique que le pape a mis à son programme dès le début, il en parle dans Evangelii gaudium, et il vient de publier avant le synode un document d'orientation sur ce que ça signifie le synode des évêques... Je pense que cela pose effectivement de grandes questions sur la façon de fonctionner en Église".
Mgr Kockerols rentrera de ce synode avec la conviction que "s'entourer de jeunes", ce n'est "pas une option" mais "une obligation". "Je me sens obligé en revenant chez moi de faire ce travail de cette façon-là, j'aimerais bien mettre en œuvre cette pratique synodale avec les jeunes qui le veulent bien." Et plutôt qu'un ministère pour jeunes, comme cela a été proposé, l'évêque auxiliaire de Malines-Bruxelles "préfère de loin que tout le monde soit conscient de la place que peuvent et doivent prendre les jeunes dans toutes les structures." Il plaide pour "une démarche inclusive et intégrante".
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