Dimanche dernier au Vatican, à la fin de la messe des Rameaux place St Pierre, un jeune Panaméen a remis au pape François le document réalisé par les participants du pré-synode qui s’est achevé la veille. Du 19 au 24 mars dernier, 300 jeunes du monde entier ont travaillé ensemble et 15 000 autres ont apporté leur contribution par Facebook pour produire ce texte qui nourrira le travail des évêques en octobre prochain lors du synode sur 'les jeunes, la foi et le discernement des vocations'.
Ce texte porte véritablement la marque de la rencontre des jeunes avec le pape François lundi 19 mars, en ouverture du pré-synode. C’est ce qu’explique l’une des déléguées envoyés par la Conférence des évêques de France, Eugénie Paris. Dans ce texte, les jeunes n’ont pas hésité à interpeller l’Eglise, la jugeant 'parfois excessivement sévère ou moraliste', lui demandant de ne pas craindre de se montrer vulnérable et surtout de 'reconnaître ses erreurs passées et présentes'.
Le texte évoque les abus sexuels et la mauvaise gestion financière. Ailleurs, le document explique que 'pour certains jeunes, l’Eglise a développé une culture qui se focalise sur les membres de l’institution et non sur la personne du Christ. D’autres jeunes voient les responsables religieux comme déconnectés des réalités et plus intéressés par les tâches administratives que par la recherche de la construction d’une communauté'.
Et puis, à quatre reprises au moins, il est question de la place des femmes dans l’Eglise. On peut lire par exemple que 'certaines jeunes femmes ont le sentiment qu’il y a un manque de modèles féminins de leaders au sein de l’Eglise quand elles souhaiteraient faire don de leurs capacités intellectuelles et professionnelles à l’Eglise'.
Et le souhait de faire émerger des leaders ne concerne pas seulement les jeunes femmes. Les jeunes disent leur souhait que l’Eglise les implique plus dans ses processus de décision et leur offre davantage de rôles de leadership. C’est ce qu’explique Melchior Poisson, 28 ans, séminariste chez les légionnaires du Christ, participant du pré-synode.
Une autre interpellation des jeunes aux responsables ecclésiaux concerne Internet et les réseaux sociaux. Anne Thibout, la coordinatrice pour la France des JMJ de Panama était justement chargée d’animer la page Facebook francophone de ce pré-synode. Elle nous en dit plus sur ce que les jeunes écrivent dans leur document à ce sujet.
Ce document pré-synodal est riche, foisonnant même. Certains jeunes participants ont d’ailleurs pu regretter qu’il ne soit pas plus synthétique et ordonné. Cela dit, l’assemblée pré-synodale était tellement diverse et le souhait de respecter toutes les expériences si fort qu’il était difficile de faire autrement. C’est ce qu’explique Romain Berthelot délégué de la Communauté du Chemin Neuf.
Cette pluralité des expériences est donc présentée dans le document qui liste aussi des points de désaccord entre jeunes : 'contraception, avortement, homosexualité, cohabitation, mariage et comment la prêtrise est perçue dans les différentes réalités de l’Eglise'. Selon le document, certains voudraient 'voir l’Eglise changer ses enseignements ou au moins avoir accès à de meilleures explications et formations sur ces questions'. Mais le texte affirme que 'les jeunes catholiques, dont les convictions sont en conflit avec les enseignements officiels, veulent rester dans l’Eglise'. A contrario il est écrit que 'beaucoup de jeunes catholiques acceptent ces enseignements et trouvent en eux une source de joie'.
La première partie du texte, la plus longue, est consacrée à un état des lieux de la situation des jeunes dans le monde. Il y est pas exemple question de ce dont rêvent les jeunes pour leur avenir, des rêves très divers : rêves d’une vie meilleure et d’un ailleurs dans les pays les plus pauvres, rêves de paix là où règne la guerre, rêves centrés sur le développement personnel et l’auto-réalisation dans les pays occidentaux. Mais parfois, écrivent-il, 'nous finissons par abandonner nos rêves à cause de la peur qui est la nôtre, des pressions socio-économiques qui détruisent nos espoirs'.
Un point revient également à plusieurs reprises dans le texte : le besoin manifesté par les jeunes d’être accompagnés par des adultes formés pour cela. Le texte s’achève sur ces quelques phrases qui sonnent un peu comme un avertissement : 'Nous sommes ravis d’avoir été pris au sérieux par les responsables hiérarchiques de l’Eglise et nous pressentons que ce dialogue entre les jeunes et les plus âgés dans l’Eglise est vital, et que cela va porter du fruit. Ce serait dommage que ce dialogue ne puisse pas continuer et grandir ! Cette culture d’ouverture est extrêmement saine pour nous'.
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