La sous-représentation des femmes au synode sur la jeunesse fait réagir. Et surtout le fait que les trois religieuses invitées n'ont pas le droit de vote, contrairement aux religieux.
Après trois semaines de discussions, le synode va entrer la semaine prochaine dans sa phase finale. Et parmi les sujets récurrents, la place et le rôle des femmes dans l'Église. Une question soulevée par des évêques, par des femmes et des jeunes lors des assemblées du synode. Où sur les quelque 300 participants, 35 sont des femmes soit 10% de l'assemblée. Comment l'Église évolue-t-elle sur question ? Quelle place l'Église est-elle en mesure d'accorder aux femmes ? Pour en parler, Élise Le Mer et Manuella Affejee reçoivent Mgr Alain de Raemy, évêque auxiliaire de Lausanne, Genève et Fribourg, et Émilie Callan, journaliste et productrice à Sel et Lumière et auditrice au synode.
Synode des jeunes, RCF se mobilise - Du 3 au 28 octobre, les évêques du monde entier sont réunis à Rome en synode pour réfléchir au thème: "Les jeunes, la foi et le discernement vocationnel". RCF bouleverse ses programmes pour vous faire vivre un moment historique pour l'Église.
Mgr de Raemy s'est dit "scandalisé" par la sous-représentation des ordres religieux féminins au synode. Si le synode est d'abord une assemblée d'evêques, parmi les personnes invitées au synode on compte 10 hommes, dix religieux et trois religieuses, avec cette différence que les religieux ont le droit de voter mais pas les religieuses. "Je suis surpris et vraiment choqué par le fait que les religieux hommes étaient représentés par 10 religieux, et les femmes religieuses, qui font 80% de la vie religieuse dans le monde, par trois femmes, sans aucun droit de vote".
Jeune auditrice au synode, Émilie Callan confie elle aussi : "Je savais que je n'aurai pas le droit de vote... mais quand j'ai découvert que des hommes pas prêtres avaient le droit de vote, mais que les femmes consacrées n'avaient pas le droit de vote, c'est quelque chose qui m'a 'chicotée', en bon canadien français, comment cela se fait-il ?" À propos de cette sous-représentation des femmes au synode, Mgr Marc Ouellet convient : "C'est une des limites de notre expérience d'Église et de notre expérience synodale, la présence limitée des femmes..."
À la question "Y a-t-il une culture machiste dans l'Église ?" Mgr de Raemy répond : "Un petit peu oui, ça ressort de temps en temps, il y a quelque chose de cela." De son côté, Émilie Callan, qui a grandi dans une famille catholique et a été engagée dans de nombreux mouvements d'Église, confie : "Je ne me suis jamais sentie dans une culture machiste... mais je dois dire qu'en arrivant ici c'est qquelque chose qui m'a frappée un peu plus, c'est naturel pour moi de donner mon avis et d'arriver et là de ne pas avoir cette option-là, c'est quelque chose qui me surprend. Qui est bizarre."
Quant à la question de l'ordination des femmes, Mgr de Raemy considère que "c'est un sujet : de toute façon je pense que dans la société actuelle c'est inévitable de se poser la question". Et de se la poser du point de vue de la foi, en se demandant "Qu'est-ce que Jésus a voulu ?". Pour l'évêque se pose la question de la place que l'on donne aux femmes dans la vie de l'Église, car "elles n'ont de loin pas encore leur place".
En préparant ce synode, les jeunes ont mis en avant le fait que l'on manque dans l'Église de figures féminines de référence. "En tant que femme on a de la difficulté à s'identifier à un prêtre", témoigne Émilie Callan. Pour Mgr Ouellet, préfet de la congrégation pour les évêques, les femmes "devraient davantage être intégrées à tous les niveaux dans l'Église - évidemment sans la prétention au ministère dans le sens sacerdotal - mais il y a d'immenses possibilités dans les paroisses, dans les diocèses, pour que les femmes soient présentes dans les conseils pastoraux, dans les conseils diocésains et aussi dans les travail des curies locales et aussi à la curie romaine."
Des propos que Mgr de Raemy approuve : "Je trouve même ridicule de mettre des prêtres à certains postes... Il y a tellement de laïcs qui pourraient assumer les taches qui se font ici. À Rome il n'y a besoin que de l'évêque de Rome, qu'est-ce qu'on veut d'autres évêques ? Donc il pourrait y avoir des collaborateurs prêtres ou laïcs, et puis des femmes qui assumeraient beaucoup de tâches qui se font à la curie." Mr de Raemy se dit "pour" la tenue d'un synode sur le thème des femmes. "Parce que c'est un sujet tellement débattu, qui revient toujours, pourquoi ne pas se pencher en synode ?"
Depuis le 4 octobre les évêques du monde entier sont à Rome à l'occasion du synode convoqué par le pape François autour du thème "Pour une Église synodale : communion, participation et mission".
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