Moscou avance ses pions sur le dossier syrien. La Russie a réuni ce vendredi à Vienne les responsables de la diplomatie américaine, turque et saoudienne pour toute une série de pourparlers sur le sujet syrien. Sommet de ces discussions, une réunion entre John Kerry, Sergueï Lavrov, le saoudien Adel al-Jubeir et le turc Feridun Sinirlioglu.
La France, et l’Allemagne, n’étaient pas conviées à ce rendez-vous inédit. Une réunion inédite puisqu’elle pourrait rapprocher les positions catégoriquement opposées entre un camp, hostile à Bachar al-Assad, composé des Etats-Unis et de ses alliés Ankara et Ryad, et la Russie, unique soutien du régime syrien. Un sommet inédit également car il marque le revirement de position de la Turquie, restée depuis des mois très ambigüe au sujet de l’Etat islamique.
Moscou semble déterminé à ne pas lâcher son allié syrien. Or l’une des questions essentielles des réunions de ce vendredi portera sur l’avenir de Bachar al-Assad, à la fin du conflit. Avant cette réunion, Vladimir Poutine a réaffirmé que son but était de "vaincre le terrorisme et d’aider le président Assad à revendiquer la victoire du terrorisme".
Quant aux Etats-Unis, en la personne de John Kerry, ils ont répliqué que la "seule chose qui se dresse sur le chemin d’une solution politique est une personne du nom d’Assad", sans toutefois réclamer son départ explicitement. Preuve que les Américains ont mis de l’eau dans leur vin. Sur un autre volet, Sergueï Lavrov a affirmé que "les forces armées des deux pays, les forces russes et jordaniennes, se sont mises d’accord pour coordonner leurs actions, dont celles des forces aériennes en Syrie". Un pied de nez aux adversaires de Moscou, la Jordanie étant l’alliée des Etats-Unis.
Pour répondre à cette réunion à laquelle elle n’a pas été conviée, la France a annoncé dans l’après-midi qu’elle réunirait ses alliés allemand, britannique, américain et saoudien sur la question syrienne, à Paris. Une réunion qui écarte de fait la Russie et les Iraniens. Paris semble rester sur sa position, et va déposer une résolution à l’ONU pour faire interdire le largage en Syrie de barils d’explosifs. Il a réitéré la position française selon laquelle une solution politique "ne peut pas passer" par le fait que le dirigeant syrien "soit l'avenir de la Syrie".
Didier Billion, directeur adjoint de l’Institut de Relations Internationales et Stratégiques interrogé par Léna Bouillard sur le revirement de position de la Turquie.
RCF est une radio associative et professionnelle.
Pour préserver la qualité de ses programmes et son indépendance, RCF compte sur la mobilisation de tous ses auditeurs. Vous aussi participez à son financement !