Les deux groupes sont entrés en négociations exclusives pour former peut-être l’un des poids lourds européen de l’audiovisuel privé. Mais il reste des obstacles et des questions. C’est un mariage qui bouleverserait profondément le paysage l’audiovisuel français. M6 et TF1. À eux deux, ils représenteraient trois milliards d’euros de chiffre d’affaires et 30% de parts d’audience.
Mais ce n’est pas que de la télé puisque le groupe M6 détient aussi plusieurs radios dont RTL. Sans compter les différends sites webs des deux groupes. L’Allemand Bertelsmann, propriétaire de M6 via sa filiale RTL Group cherchait à vendre sa branche française depuis plusieurs mois. En signant un chèque de de 641 millions d’euros, Bouygues, maison-mère de TF1, deviendrait l’actionnaire principal du nouvel ensemble avec 30% du capital. RTL Group en conservera 16%.
Ce mariage doit permettre de tenir tête à des nouveaux concurrents en pleine croissance : les plateformes de streaming en ligne comme Netflix Amazon ou Disney+. Le communiqué de presse commun des deux groupes lundi mentionnait clairement la création d’un groupe de médias français prêt à relever les nouveaux défis du marché total vidéo. La future entité veut donc pouvoir rivaliser avec ces géants américains qui grignotent des parts de marché.
TF1 et M6 disent vouloir créer une plateforme commune de rattrapage et de streaming, et un service de VOD par abonnement (SVOD). Mais une fusion aurait des avantages sur le marché traditionnel de la télévision estime de son coté François Jost professeur émérite des sciences de l’information et de la communication à Sorbonne Nouvelle.
Les deux groupes souhaitent finaliser la transaction d'ici à la fin de 2022 mais il faudra avant passer les fourches caudines du CSA. Réunis, TF1 et M6 dépassent le nombre maximum de chaines autorisés sur la TNT. Et surtout l'Autorité de la concurrence examinera le dossier pour vérifier que ce rapprochement ne créera pas de monopole ou de distorsion de la concurrence. Car ce projet est complexe: il opére sur un large spectre, télévision, radio, numérique ou encore publicité. Sur ce point, les deux groupes additionnés représentent près de 70% du marché publicitaire TV. Du coté des annonceurs on regarde donc ce mariage avec beaucoup d’attention.
Un groupe ultra-dominant pourrait poser des problème d’équité avec les autres médias conccurents pour l’achat de contenus ou de droits sportifs par exemple. Le projet inquiète aussi les producteurs Certains redoute une pression à la baisse dans les négociations pour les émissions, films ou séries. Il y a également le "risque de position dominante auprès des distributeurs de chaînes, notamment les box, qui rémunèrent désormais les chaînes gratuites pour la reprise de leur signal et leur replay".
L’autre inquiétude porte sur l’emploi au sein des deux groupes. Durant encore 18 mois ils conservent leur forme propre mais ensuite rien n’a encore été évoqué par les directions sur ce sujet. L’objectif de la fusion est aussi de réaliser des économies en créant des synergies. Or des doublons peuvent exister dans les différents services. Se pose aussi la question de rédactions de TF1 et d’M6. Pour Dominique Pradalier, secretaire générale du SNJ le syndicat national des journalistes, ce projet s’il se concrétise aura un impact sur le pluralisme.
Ce projet de fusion risque aussi de faire peut être boule de neige en Europe avec des rapprochements d’autres groupes privés en Espagne, Italie ou Allemagne. A l’image de ce qui se passe aux Etats-Unis où Disney a racheté la Fox et L’opérateur AT and T s’est emparé de Time Warner.
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