Jusqu’à aujourd’hui, la chef du gouvernement britannique s’était montrée évasive sur la manière dont le Royaume-Uni allait enclencher sa sortie de l’Union Européenne. Sept mois après le vote du Brexit, Theresa May a dévoilé son plan de sortie de l’Union Européenne annonçant une rupture "claire et nette". Une annonce correspondant aux prévisions de la presse britannique pour qui la tendance de Theresa May allait être d’un Brexit "dur". Cette ligne "dure" est par ailleurs défendue par le ministre des Affaires Etrangères anglais, Boris Johnson, ainsi que par le secrétaire d’Etat au Commerce, Liam Fox.
Ce Brexit "dur" permettrait au Royaume-Uni une reprise du contrôle de sa politique d’immigration européenne, notamment en sortant de l’Union douanière européenne et du marché unique. Sortir de la première, qui permettait aux produits britanniques d’entrer dans l’Union Européenne en droits de douane, est pour les pro-Brexit la meilleure façon de conclure des alliances bilatérales pour faciliter de futurs accords de libre-échange avec les autres pays. La Grande-Bretagne est prête à sortir de l’Union douanière européenne tout en conservant des "accords douaniers" avec l’Union Européenne lorsque ce sera possible. Le discours de Theresa May a démontré que c’était la politique qui passait avant l’économie. La ministre a prôné pour "un nouveau partenariat équitable, pas un statut de membre partiel ou associé de l’Union Européenne, qui nous laisserait à moitié dedans ou à moitié dehors". Elle a annoncé souhaiter la signature d’un accord de libre-échange "global, audacieux et ambitieux" avec Bruxelles.
La première ministre a par ailleurs mis en garde ses partenaires européens, à l’instar de François Hollande, contre la volonté de chercher un accord qui punirait le Royaume-Uni une fois qu’il serait sorti de l’Union Européenne. Un accord "punitif" qu’elle qualifie de "calamiteux qui nuirait" à l’Union Européenne, a-t-elle précisé. Theresa May a également annoncé que le Royaume-Uni et l’Union Européenne continueraient de travailler ensemble sur les questions liées au crime, au terrorisme et sur les Affaires Etrangères.
La ministre a aussi plaidé pour une "mise en œuvre par étapes" d’un accord avec l’Union afin d’"éviter un changement trop brutal et déstabilisant". Theresa May s’est engagée à ce que le résultat des négociations de sortie de l’Union Européenne soit soumis au Parlement. Ce dernier se prononcera par un vote : "le gouvernement soumettra l’accord final à un vote des deux chambres du Parlement". Elle a également souligné le fait que le Royaume-Uni quittait "l’Union Européenne mais pas l’Europe", manifestant la volonté du Royaume-Uni de continuer à travailler avec cette dernière.
Le ministre britannique des Finances, Philip Hammond, avait laissé entendre au journal allemand "Welt am Sonntag" que "si les portes du marché européen se refermaient, la Grande-Bretagne envisagerait l’abandon du modèle européen avec son système social, son système fiscal et ses régulations" pour donner "quelque chose de différent". Il laissait entrevoir l’idée du Royaume-Uni comme d’un potentiel "paradis fiscal" pour les entreprises. Des doutes évincés par la première ministre dans son discours où elle souligne que le Royaume-Uni ne cherche "pas à adopter un modèle dont bénéficient déjà d’autres pays". A savoir la Suisse ou la Norvège.
Le discours de Theresa May a montré que c’était bien la version "hard" anticipée par les observateurs qui l’emporte. Quatre points principaux sont à retenir de son discours : la sortie du Brexit "par étapes", l’annonce d’un vote sur l’accord final au Parlement, la sortie du marché unique européen et un accord douanier avec l’Union, et enfin la mise en garde prononcée contre toute volonté d’engager une action "punitive" contre le Royaume-Uni. Par ailleurs, la première ministre a annoncé le déclenchement de la procédure de divorce d’ici fin mars, annonçant le début de deux ans de négociations.
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