Le tourisme a été évidemment mis à mal par le confinement et le déconfinement avec ses restrictions. L’origine du mot est transparente : il suffit d’évoquer combien on avait envie de faire un tour, pendant e confinement. Tourisme vient de tour, bien sûr, mais on va constater que c’est peut-être plus compliqué que cela.
Le mot tour au départ est un mot français, issu du latin tornare, tourner, en fait sur un tour de poterie. C’est de là qu’est venue l’idée du mouvement circulaire. Le mot tour passe donc en français au XIIe siècle désignant entre autres une boucle formé par une corde, mais aussi un mouvement circulaire partant d’un point de départ pour y revenir et c’est en 1660 que faire un tour devint synonyme de faire une promenade. Un peu plus tôt Agrippa d’Aubigné évoquait déjà le fait de faire le tour d’un pays, c’est-à-dire le parcourir. Passons maintenant en Angleterre, le mot tour passait vers 1300 du français à l’anglais et c’est vers 1640, qu’il désigna une excursion. Et en anglais, le nom devenant facilement un verbe, to tour devint faire un tour. En 1811 était ensuite attesté l’anglais tourism sans e, plutôt péjoratif par rapport au participe présent touring, valorisant, qu’on retrouve d’ailleurs dans le Touring-club qui lui fut créé en 1890.
De fait lorsque le mot entre en français, en 1841, il est ironique, notamment vis-à-vis des Anglais, décrits comme « ces heureux de la terre […] piqués de la mouche du tourisme », le tourisme étant par ailleurs qualifié de « contagion inévitable du monde élégant ». Si en effet au départ les Anglais faisaient un tour dans leur région, ils allèrent ensuite en Italie quelques mois. Et le tourisme devint alors progressivement en France la saine curiosité de découvrir les diverses beautés géographiques et historiques. Aussi, en 1933, le tourisme devint-il également l’ensemble des activités liées aux déplacements des touristes, avec la naissance des agences de tourisme pour l’étranger. Mais cet été on restera en France et on évitera donc l’anagramme du mot « tourisme ». Eh bien oui, pas question de quitter le territoire donc pas de voyages sous les tropiques, point de moiteurs tropicales. Moiteurs au pluriel, c’est en effet l’anagramme de tourisme. Bon, je voulais éviter de conclure froidement…
Jean Pruvost, lexicologue passionné et passionnant vous entraîne chaque matin dans l'histoire mouvementée d'un simple mot !
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