L'inquiétude grandit dans l'hôtellerie, la restauration et arts du spectacle : alors que les secteurs du tourisme et de la culture sont frappés de plein fouet par l'épidémie de coronavirus et les mesures de confinement, les professionnels ne peuvent anticiper et s'organiser pour les vacances d'été car les mesures sur le déconfinement restent floues.
Hôtels et restaurants tournent à vide pour une période indéterminée. "L'avenir va être très compliqué, tous les jours on s'enfonce un petit plus dans une crise économique qui risque d'avoir des répercussions encore plus importantes que la crise sanitaire puisque l'ensemble des collègues ne sont pas forcément assez costauds pour tenir le choc." Chez Guillaume Chazot, gérant d'un hôtel-restaurant au Chambon-sur-Lignon (Haute-Loire), l'inquiétude grandit. Au micro de Cédric Bonnefoy (RCF Haute-Loire), le gérant accuse "une perte de chiffre d'affaires net de 10 à 15% par rapport au chiffre d'affaire de l'année". "Il va falloir trouver vraiment des solutions avec l'État, avec les assurances, avec les banques, sinon on va tous droit au dépôt de bilan et à une vraie catastrophe."
Même discours du côté des professionnels du spectacle. "Quand un festival ne se passe pas, c'est vraiment beaucoup d'acteurs qui sont touchés." Tout comme de nombreux festivals, Jazz à Vienne n'aura pas lieu cette année 2020, la 40e édition est reportée à l'été 2021. Pas moins de 400 personnes étaient mobilisées autour du projet : "On est évidemment un peu sous le choc", déclare Benjamin Tanguy, son directeur artistique au micro de Nicolas Boutry (RCF Isère). L'équipe du festival attend d'en savoir plus sur les "aides publiques qui peuvent peut-être nous aider pour tenir l'année jusqu'à 2021".
Va-t-on pouvoir partir en vacances ? La question intéresse aussi bien les vacanciers que les professionnels du tourisme chez qui "l'inquiétude grandit au fur et à mesure que le temps passe", constate Didier Arino, du cabinet Protourisme. "Les acteurs du tourisme ont besoin de s'organiser, il ne s'agit pas d'ouvrir coûte que coûte, il s'agit juste de pouvoir prévoir un minimum ce qu'il sera possible de faire à la fois pour les professionnels et les vacanciers."
Or, jusqu'à présent, la communication du gouvernement semble pour le moins contradictoire. Entre Emmanuel Macron qui annonce lundi une interdiction des festivals jusqu'à la mi-juillet et le ministre de la Culture qui évoque hier la possibilité pour les "petits festivals" de se tenir à partir du 11 mai, les professionnels des arts du spectacle ont du mal à anticiper. Le Prodiss, syndicat national du spectacle musical et de variété, réclame "d'urgentes clarifications". â
Auprès des restaurateurs, Bruno Le Maire ne s’est pas montré rassurant. "Je ne suis pas capable de vous dire, et je préfère être transparent avec vous, quand et sous quelles modalités les restaurants pourront rouvrir dans notre pays, ça dépend évidemment de la sécurité sanitaire qui est la priorité absolue." Les différents ministres doivent doivent faire d’ici mercredi prochain des propositions au Premier ministre sur les modalités du déconfinement, secteur par secteur.
"S'il faut qu'on maintienne les gens en emploi, il va falloir qu'on ait de vraies aides, pas simplement un report de charges." Laurent Duc, président de l'Umih (Union des métiers et des industries de l'hôtellerie) demande "une année blanche", une annulation des charges pour 2020. Le gouvernement a justement annoncé que les entreprises des secteurs de l'hôtellerie, de la restauration et des arts et spectacles devraient bénéficier d'une annulation de charges à hauteur de 750 millions d'euros pour surmonter la crise du coronavirus.
Le secteur du tourisme représente plus de 6 millions d'emplois - directs, indirect et induits, souligne Didier Arino. Et comme l'a rappelé le secrétaire d'État auprès du ministre des Affaires étrangères, Jean-Baptiste Lemoyne, le secteur "génère pour tous nos territoires environ 170 milliards d'euros de recettes chaque année" [mardi 24 mars sur Sud Radio].
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