Pénurie de main d'oeuvre, emplois en perte de sens mais surtout mal rémunérés, des prises en charge bâclées par manque de temps, les raisons de la colère ne manquent pas. Les professionnels du grand secteur du "médico-social" appellent à l'aide et dénonce la menace qui plane sur l'accompagnement des personnes vulnérables.
Le constat est simple mais partagé par tous "c'est la catastrophe."
Les deux ans de pandémie n'ont fait qu'aggraver une situation déjà délétère. Les représentants de tous les corps de métiers du médico-social se sont réunis à Marseille pour alerter sur la menace qui pèse sur l'accompagnement des personnes vulnérables, et surtout pour rappeler que nous pouvons tous être, un jour, des personnes vulnérables.
Les candidats manquent pour des métiers qui restent difficiles et surtout mal rémunérés. "Nous ne sommes pas là pour revendiquer uniquement une hausse des salaires mais comment on peut expliquer à quelqu'un qu'il va faire un beau métier mais qu'il sera si peu payé ?" résume Jean-Vincent Piquerez, président de l'URIOPSS Paca Corse.
Un jeune travailleur social, après trois années d'études débute sa carrière à 1500 euros. Mais surtout atteint le salaire plafond après vingt et une années d'expérience. "Vous imaginez, qu'à 43 ans un travailleur social est déjà arrivé au maximum ?".
Parmi les équipes de la Croix Rouge, représentées par Maxime Méry, la réalité est la même : "On observe une lassitude, qui se rajoute à un contexte déjà compliqué avant la crise. On a un situation explosive et notre objectif c'est d'alerter. [...] Nous voulons défendre une vision solidaire de notre société."
Mathieu Leca, représentant de l'Union nationale de l'aide et des services à domicile, demande l'application de la revalorisation salariale promise par le gouvernement aux salariés qu'ils représente, mais aussi une revalorisation pour tous les autres aspects du travail.
Selon lui pour que la société comprenne bien quels soins et quel accompagnement sont en jeux, il faut se souvenir du confinement.
Vous avez mal supporté le confinement ? Attendez 20, 30 ou 40 ans et vous y serez, tous les jours. Signer une autorisation de sortie pour aller simplement acheter du pain c'est le quotidien de millions de personnes en France, qui sans aides à domiciles ne verraient personne pendant des semaines.
Au domicile ou dans les institutions, la qualité des traitements et des accompagnements sont déjà impactés par le manque de personnel, et donc de temps, d'attention, de savoirs-faire professionnels.
Et c'est ce dont témoigne Fabienne Beauparlant Leroy, fondatrice de l'association Un Toit pour Moi, elle est venue en compagnie de son fils, Martin, un jeune homme plein de vie comme elle le décrit en souriant, qui vit avec un polyhandicap. Elle a vu la qualité des soins se dégradé, et l'état de son fils régresser. Non par manque de volonté des équipes, mais bien parce que les moyens manquent pour les salariés permanents, et des employés intérimaires ne peuvent pas construire un lien pérenne avec Martin.
"Ce que les pouvoirs publics redoutent le plus, c'est de voir les familles dans les rues !" Lance Thierry Mila en réponse à un père de famille, papa d'une petite fille porteuse de handicap qui cherche à savoir comment aider.
Les représentants des différents corps de métiers du médico-social appellent à une mobilisation générale le 7 décembre prochain, partout en France, pour faire valoir les droits de ces travailleurs et des publics qu'ils représentent. Ils invitent les familles à descendre dans les rues, car c'est souvent par la mobilisation des familles que le changement survient.
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