"On parle des milices chiites qui se sont constituées depuis plusieurs années et qui ont connu un essor assez important depuis trois ans. En juin 2014, à partir du moment où l’Etat islamique a pris plus de place sur le territoire irakien, notamment au Nord et au centre du pays, il y a eu un appel pour que les milices chiites se déploient pour venir en aide à l’armée irakienne. On les regroupe sous l’ombrelle des unités de mobilisation populaire. On parle de 40 à 50 milices. Mais dans la réalité, elles conservent une autonomie considérable, elles ne poursuivent pas les mêmes objectifs que le gouvernement irakien. Il y a des animosités, des différends, des idéologies différentes" rappelle Aymeric Elluin, responsable de plaidoyer droits de l'Homme à Amnesty International France.
"Nous avons documenté les agissements de quatre milices telles que les brigades de la paix ou la ligue des vertueux, et nous avons constaté que ces milices avaient commis des atrocités : disparitions forcées, des exécutions extra-judiciaires contre des personnes sunnites. Les crimes que l’on a dénoncés contre l’Etat islamique sont les mêmes chez certaines milices" ajoute-t-il.
Mais pour commettre des crimes, encore faut-il avoir des armes. Des armes dont la provenance inquiète de plus en plus Amnesty International. "Ces armes viennent du monde entier. L’Irak aujourd’hui est le cas d’école en matière de prolifération des armes, surtout depuis l’invasion américaine. Nos travaux indiquent que ces milices possèdent des centaines d’armes différentes provenant de 16 pays. La gestion des stocks est catastrophique et il n’y a quasiment pas de système de suivi des armes" explique Aymeric Elluin.
"Nous attendons une prise de responsabilité de la communauté internationale. On ne peut pas continuer à transférer des armes comme cela, notamment vers l’Irak, quand on sait qu’il y a un risque qu’elles puissent servir à commettre des atrocités, ce qui est le cas pour les milices chiites. On appelle à un refus de l’exportation des armes à partir du moment où le destinataire n’offre aucune garantie sur l’utilisation correcte de ces armes" conclut le responsable plaidoyer droits de l'Homme à Amnesty International France.
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