Pour Pierre de Charentenay, jésuite, auteur de "Face à la crise climatique" (éd. Chemins de dialogue), ce texte a marqué les esprits à plusieurs titres. "C'est la première fois que le pape a fait un texte fondamental sur la réflexion écologique, dans son ensemble. C'est un texte de fond. L'appart du pape François, dont le nom est lié à François d'Assise, est un apport de réflexion et d'expérience. Pour lui, tout est lié. C'est cela qui pose problème et qu'il faut travailler pour vivre la crise écologique, et sauvegarder la création" explique-t-il notamment.
Le coronavirus est un symptôme de la crise écologique globale. "C'est un symptôme. Il y avait une autoroute pour un virus qui démarre à un endroit, et qui se déplace dans le monde entier. Face à une crise comme celle-là, on voit les différentes sociétés faire corps pour se défendre face à ce virus. Le confinement en est un bon exemple. C'est tout à fait étonnant. On s'est rendu compte qu'il fallait faire corps contre un ennemi immédiat et dangereux" ajoute Pierre de Charentenay.
Le grand ennemi pourrait être la mondialisation. "La mondialisation est capitale. Elle n'existait pas auparavant, sinon de manière marginale. Là, elle est généralisée, permanente, sur un critère : le critère du profit. On a une augmentation de cette mondialisation menée par des entreprises privées et où le bien commun ne peut pas être défendu. Le pape François a d'ailleurs des mots très durs face à cette mondialisation" lance le jésuite.
Parmi les propositions de Pierre de Charentenay, on note cette volonté de revenir au terrestre. "Ce n'est pas seulement la terre, la nature. C'est mettre sur un même pied l'ensemble de ce qui peut concerner la vie humaine, les relations avec la nature, les animaux, l'économie. C'est se retrouver sur ce qui relie les personnes à leur environnement direct. Le terrestre, c'est montrer que tout est lié" estime-t-il par ailleurs.
"Les enjeux s'ajoutent les uns aux autres et deviennent immédiats. Cette question des inégalités doit être discutée en même temps que la question de la transition écologique. Il faut que tout soit discuté en même temps. C'est là la difficulté du projet. C'est un projet global que l'on ne peut pas mener en défendant son petit pré carré. La visée doit être plus globale" lance Pierre de Charentenay.
L'enjeu est donc d'agir, ne pas en rester au constat. Agir, pour les chrétiens, ce n'est pas l'occasion de laisser de côté la prière. "Il y a un rapport à la création qui est un rapport de contemplation. Cette contemplation nous met au coeur de la création, du créateur. Il y a une sorte de mystère donc chacun est l'acteur, et qui ne nous met pas en-dehors du monde" conclut-il.
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