La triche est presque devenu un sport national depuis le confinement car les examens ne se font plus dans une grande salle surveillée. Depuis trois semestres, c’est chez soi et à distance. Les étudiants disposent de tous les outils et de tous les documents possibles. Mais aussi et surtout de l’aide de leurs camarades aînés, et parfois même de leurs parents. "L’année dernière, pour nos matières fondamentales, on avait une dissertation. Une camarade a réussi à trouver un étudiant pour faire le devoir à sa place. Il n'y a aucun contrôle. J’ai des amis qui envoyaient leur travail avec du retard mais ils continuaient de rédiger", raconte une étudiante.
C’est justement parce qu’il est compliqué de vérifier si les devoirs sont bien composés sans antisèche, que des professeurs ont multiplié les oraux. Mais là aussi, les étudiants ont affuté leurs techniques pour ces examens en visio. "J'ai reçu des photos où les étudiants collaient toutes les fiches sur leur mur derrière leur ordinateur. Moi, à aucun moment on m’a demandé de faire un tour de ma chambre pour vérifier qu’il n’y ait pas de fiches", poursuit l'étudiante.
Les universités sont bien conscientes des risques de tricherie mais elles ne sont pas forcément prêtes à investir dans des logiciels ou à mobiliser des surveillants supplémentaires. Le système des notes est perverti. De nombreux étudiants perçoivent une injustice à ne pas tricher et basculent. "Moi l’année dernière j’ai tout fait sans tricher, j’ai validé mon année de justesse. Je voyais tout le monde autour de moi tricher. Je me suis mis à tricher au deuxième semestre", souffle un étudiant. "J’en ai pas particulièrement honte, poursuit-il. J’ai l’impression de me retrouver plus sur un pied d’égalité." Il y a un très fort enjeu avec les notes, l’entrée dans un master, dans une école. L’enjeu c’est l’avenir immediat mais à quel prix ?
Dans la Bible, il y a beaucoup d'histoires sur la triche. Comme celle ci, sur l’usurpation d’identité, dans cet épisode de la Genèse : les fils d’Isaac et de Rebecca vont tromper leur père. "L'histoire c’est qu'il y a un des frères qui se fait passer pour l’autre devant son père qui est aveugle et c’est lui qui reçoit la bénédiction à la place de l’autre. On voit bien quelques fois qu’un petit arrangement peut avoir des conséquences extrêmement fortes et qu’on ne maitrisera pas", raconte Monseigneur Antoine Hérouard, évêque auxiliaire de Lille et moraliste.
Dans un autre texte, tiré des actes des apôtres, cette fois c’est dans le domaine financier et c’est Anani et Saphir qui vont cacher les fruits de la vente. "L’honnêteté paie toujours à long terme. Quelqu'un qui triche à un examen va s’interroger sur 'est-ce que je la mérite ?' C’est très mauvais pour soi-même", affirme Soeur Zoé, de l'aumônerie de l’université catholique de Lille en tire une leçon. Rester vertueux aujourd’hui pour continuer à l’être une fois adulte….c’est cultiver l’estime de soi.
RCF est une radio associative et professionnelle.
Pour préserver la qualité de ses programmes et son indépendance, RCF compte sur la mobilisation de tous ses auditeurs. Vous aussi participez à son financement !