Entre l’Amérique latine et l’Asie, même constat : les terres des peuples sont menacées par des entreprises extractives et le modèle agricole productiviste. Pourtant une gestion durable de ces territoires est essentielle pour préserver la planète. Tous cela paraît loin pour nous, pourtant si on déforeste l’Amazonie, c’est pour planter des champs de soja et nourrir les bœufs qui seront ensuite mangés en France. Cet exemple illustre la manière dont notre mode de vie est intimement lié à ce qui se passe à des milliers de kilomètres.
Nous nous sommes intéressés à la manière dont des communautés autochtones résistent et s’adaptent face aux menaces qui pèsent sur leurs territoires et leurs modes de vie. Cette étude a été réalisée avec six partenaires du Secours Catholique en Amérique latine (Bolivie, Pérou) et en Asie (Bangladesh, Inde, Birmanie et Vietnam). Sur les deux continents, le défi majeur des peuples indigènes consiste à faire reconnaître leur droit à vivre sur la terre de leurs ancêtres. Terres qui, dans leur culture, appartiennent à tous, afin que chacun puisse en tirer les ressources nécessaires à sa subsistance, à travers la pêche, la chasse, la cueillette ou des cultures.
En Amérique du Sud, les indigènes sont confrontés aux entreprises pétrolières ou agro-alimentaire, désireuses d’étendre leurs activités. Ces dernières respectent rarement l’obligation de consulter les populations avant de s’installer sur leurs terres. Elles n’hésitent pas à recourir à la force pour s’imposer. 232 défenseurs des territoires autochtones ont ainsi été assassinés en Amérique latine entre 2015 et 2019 . La question de la terre, c’est la pérennisation d’un mode de vie qui dépend intimement de la nature et "quand les terres sont menacées, les gens migrent vers les villes". Là, ils perdent leur culture et subissent violences, discriminations et misère
Il n’est pas question d’idéaliser un mode de vie traditionnel, mais de reconnaître que "les populations indigènes ont le droit à l’autodétermination et au respect de leurs modes de vie". Pour ces peuples, la nature est avant tout un bien commun. Au Vietnam, chez les H’re. "La communauté souhaite que la forêt reste une propriété collective. Les gens ne veulent pas individualiser les tâches, de peur que cela ne suscite des envies individuelles trop fortes." Pourtant, ils ont besoin d’argent pour accéder à l’éducation, aux transports, à la santé. Bien sûr, avec la diffusion d’un modèle occidental de développement des tensions émergent. Avec une question permanente : comment permettre aux communautés de se développer sans renier leurs modes de vie et leur culture ?
Le défi, pour le Secours Catholique et ses partenaires est de trouver une position ajustée et d’être l’allié de ces communautés : les soutenir, sans décider à leur place. L’étude a fait émerger plusieurs recommandations, par exemple, la reconnaissance et l’application des droits, notamment la convention 169 de l’OIT ainsi que la Déclaration des Nations unies sur les droits des peuples autochtones. Car notre survie à tous en dépend. Si ces peuples ne représentent que 5 % de la population mondiale, 40 % des terres naturelles de notre globe se trouvent sur des territoires qu’ils gèrent. La lutte pour la sauvegarde de leurs terres est donc aussi une lutte pour que ce monde reste respirable. Pour nous tous.
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