Le 1er décembre 1990, un dernier coup de pioche a mis un terme, symboliquement à l’insularité de la Grande-Bretagne. Le Royaume-Uni et la France sont désormais reliés par un tunnel, The Channel, long de près de 50 kms dont 37 sous la mer. Ce lundi marque le vingt-cinquième anniversaire de son inauguration alors que le 1er juin marquera celui de la circulation du premier Eurostar commercial. Depuis, 247 millions de voyageurs ont emprunté ce tunnel à l’histoire mouvementée.
Christian Vadon s‘entretient avec Yves Crozet du laboratoire Aménagement Economie Transport.
"Alors oui, maintenant que Eurotunnel a ruiné ses actionnaires c'est une affaire rentable, dans la mesure où les péages sur le tunnel sont assez chers, sur les trains voyageurs et sur les trains de marchandise, et donc aujourd'hui Eurotunnel dégage des bénéfices."
"Alors l'Eurostar est un train qui a mis beaucoup de temps avant de dégager de la profitabilité, il a fallu vingt ans avant que le niveau de trafic atteigne le seuil de rentabilité et c'est à dire attendre que la ligne à grande vitesse soit également construite de l'autre côté de la Manche pour que le temps de parcours entre Paris et Londres ne soit guère plus de deux heures. Aujourd'hui c'est une affaire qui fonctionne, les trains sont pleins, et là aussi c'est une affaire rentable."
"Non, il faut quand même pas oublier qu'il y a eu déjà deux fois des incendies dans le tunnel, sur des camions, et puis heureusement que le système de sécurité est bien fait, y a pas eu de morts, mais du point de vue de la sécurité et de la technologie c'est quelque chose qui fonctionne bien."
"La traversée par le biais du tunnel est assez rare pour les migrants, sauf ceux bien sûr qui arrivent à monter dans les camions. Pour les trains c'est très contrôlé, et il y a pratiquement pas de fraude, le paradoxe de ce tunnel qui avait annoncé beaucoup de prospérité notamment pour Calais, c'est que Calais est une des villes de la région Hauts-de-France qui a perdu le plus d'emplois depuis une quinzaine d'années, tout simplement parce que cette présence des migrants en foule ont conduit beaucoup d'activités à s'éloigner de Calais."
"Il faut savoir que déjà aujourd'hui le contrôle à l'entrée et à la sortie du tunnel pour les voyageurs qui empruntent l'Eurostar est déjà organisé comme si le Brexit existait puisque la Grande-Bretagne n'est pas dans Schengen, et donc quand vous voulez entrer en Grande-Bretagne, le contrôle se fait en France, et quand vous voulez rentrer en France, le contrôle se fait en Grande-Bretagne. Donc le système pour les voyageurs en train ne pose pas de problèmes particuliers. C'est plus compliqué pour les marchandises, puisque les camions sont sous douane, et le principal problème ce sera les taxes douanières sur les marchandises, et pas forcément, comme on le croit souvent, le fait que les camions soient bloqués à la frontière. Puisque si la déclaration de douane est fait avant, le camion il a son certificat et il peut passer le problème clé c'est de savoir si les voyageurs vont baisser du fait du Brexit. Pour les marchandises c'est à peu près certain, puisque les taxes vont réduire les flux, pour les voyageurs on peut penser que l'impact sera minimal, d'autant que le brexit peut conduire à une baisse de la livre sterling, et donc Londres deviendrait une attraction pour les touristes européens."
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