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[1/4] Un an après la tempête Ciaran: Chez une maraîchère de Plougastel-Daoulas

Un article rédigé par Océane Théard - RCF Bretagne, le 28 octobre 2024 - Modifié le 28 octobre 2024

Il y a un an, la tempête Ciaran déferlait sur la Bretagne. Arbres déracinés, poteaux électriques au sol, routes impraticables, cet épisode a marqué les Bretons et encore plus profondément certains Finistériens durement touchés. Nous consacrons cette semaine une série de reportages à l’après Ciaran. Direction une exploitation maraîchère bio de Plougastel-Daoulas dans le Finistère.

 

Sandrine Gawron, maraîchère bio à Plougastel-Daoulas avec son compagnon. © Océane ThéardSandrine Gawron, maraîchère bio à Plougastel-Daoulas avec son compagnon. © Océane Théard

C'était il y a un an déjà. Le fracas de la tempête Ciaran atteignait les côtes bretonnes. Des vents par endroits à 200 km/h, des arbres déracinés, des toitures envolées et des câbles électriques au sol.

Et puis il y a eu le lendemain et les jours d’après.

Un an plus tard nous sommes sur l’exploitation de Sandrine Gawron et de son compagnon à Difroud. Ici ce sont les « Jardins de Tikélio » 1,5 hectare de terre, et un tunnel de serre encore debout. Dessous, des piles de pommes de terres noircies. "Ce qui reste des récoltes avant Ciaran", explique Sandrine Gawron, emmitouflée dans sa doudoune floquée "Agricultrice bio, gardienne de la biodiversité". Et les stigmates de la tempête sont également visibles au sol. Des morceaux de tunnels de serre sont encore là, enfoncés dans l’herbe, le fer plié par la force des rafales.
« On avait deux tunnels sur le bas de l’exploitation, et deux tunnels sur le haut de l’exploitation. Les deux du bas ont été entièrement plaqués au sol dans un sens et les deux du haut qui était spécialisés dans des tunnels tempête à 180 km/h ont été complètement pliés !, se souvient Sandrine Gawron. Et celui que vous voyez là-bas », elle désigne un tunnel encore debout au fond du champ, « celui-là était dans les arbres ! Mon mari était complètement à plat, avec toute son exploitation partie par terre. Il a donc fallu repartir de plus belle ! »

Au sol, les structures des tunnels de serre sont encore là, certains morxeaux pliés par la force des rafales.

« Cette année, on ne s’est versé aucun salaire »

Repartir, et replanter des pommes de terres, des poireaux, repartir vite, sans pouvoir attendre des subventions, qui tardent à arriver. « Un voisin nous a prêté des tunnels donc on a pu repartir sur du poivron, de l’aubergine et du concombre, ce qui nous rapporte de l’argent. Mais sinon on a deux fois et demi moins de volume qu’on avait autrement. En temps normal on se verse deux salaires sur l’exploitation, cette année on ne s’est mis aucun salaire », déplore l'agricultrice.

Pas de salaire, et des subventions qui se font attendre. Depuis janvier, l’exploitation est enfin éligible aux aides de la PAC, Politique agricole commune. L’agricultrice peut également toucher un RSA temporaire et elle a obtenu 7000 euros du gouvernement. « Sachant qu’une serre coûte 8000 euros ». C’est bien mais c’est moins que prévu, souligne Sandrine qui dénonce un manque de considération pour les structures bio. « C’est à se demander si on ne nous a pas effacé du paysage agricole » s’exclame la maraîchère bio. « Les Françaises et les Français ont besoin de nous trois par jour, on les nourrit trois fois par jour ! »

Et puis il faut penser à l’avenir et aux tunnels qui devraient être installés dans les mois qui arrivent. « Là on reconstruit sur de la multi-chapelle qui résiste aux ouragans à la Réunion » explique Sandrine Gawron. « On espère qu’ils tiennent quelques années, au moins jusqu’à notre retraite », sourit-elle derrière ses lunettes rondes.

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