Le CPIE Loire-Anjou lance un appel à tous les Angevins qui veulent restaurer ou créer une mare chez eux. Les projets retenus recevront une aide financière. Objectif : enrayer le déclin des amphibiens, victimes de la disparition des mares.
Tritons, grenouilles, crapauds… une espèce d’amphibien sur trois est aujourd’hui menacée d’extinction. En cause, la disparition des mares, victimes de l’urbanisation et de l’évolution des pratiques agricoles.
Pour enrayer ce phénomène, le Centre permanent d’initiatives pour l’environnement (CPIE) Loire-Anjou lance un appel aux habitants de Maine-et-Loire qui veulent restaurer ou créer une mare chez eux.
Cet appel s’adresse à tous : particuliers, agriculteurs et entreprises. Ils ont jusqu’au 13 mai 2022 pour candidater. Les projets retenus recevront une aide financière de 80 % du montant des travaux, dans la limite de 1 400 euros.
Depuis fin 2021, trois mares ont déjà été restaurées dans les Mauges, dont celle de la famille Coutand, à Villedieu-la-Blouère. Quand elle a hérité d’une parcelle agricole en 2013, elle a tout de suite voulu créer une mare pour accueillir la biodiversité.
« Très rapidement, des grenouilles rieuses et des grenouilles agiles sont venues nous rendre visite, se souvient le fils Hugo. Au bout de deux ans, les premiers tritons étaient déjà dans la mare, donc on était très contents. »
En novembre 2021, ils ont bénéficié d’une aide financière pour restaurer cette mare, ce qui a permis de l’agrandir et de la creuser. « On a gagné au moins cinquante centimètres par rapport au niveau initial, ce qui fait une profondeur d’environ deux mètres », décrit-il.
« Cela permet d’avoir plus d’eau sur la période estivale, ce qui permet aux amphibiens de pouvoir accomplir leur cycle de reproduction dans la globalité », explique Hugo Coutand, tout en cherchant des yeux la grenouille rieuse qui commence à chanter, cachée entre les joncs.
De la rainette verte au triton palmé, les 21 espèces d’amphibiens présentes en Maine-et-Loire sont toutes en déclin. « Le crapaud sonneur à ventre jaune a même disparu récemment », confie Jérôme Bertrand, coordinateur de projets au CPIE Loire-Anjou.
En cause, l’évolution des pratiques agricoles. « Autrefois, les mares étaient utilisées pour abreuver le bétail, rappelle-t-il. Aujourd’hui, le bétail boit plutôt dans des abreuvoirs artificiels, et les agriculteurs ont beaucoup moins besoin de mares. »
Laissées à l’abandon, les mares finissent par se refermer naturellement sous l’action de la végétation. D’où le besoin de travaux pour restaurer ces mares et en faire des lieux propices aux amphibiens.
« L’idéal, c’est une mare avec des pentes douces, une profondeur entre 0,8 et 1,2 mètre, même si on peut aller jusqu’à 2 mètres, qui ne soit pas trop grande, avec à la fois du soleil et de l’ombre en cas de grosse chaleur », décrit Jérôme Bertrand.
Dernière condition : il ne faut surtout pas qu’il y ait de poissons dedans. « Ce sont des animaux adaptés aux milieux ouverts, explique-t-il. Lorsque les poissons se retrouvent dans une petite mare, ils vont avoir tendance à manger tout ce qu’ils trouvent, dont les œufs et les têtards d’amphibiens. »
Les propriétaires qui recevront de l’aide pour créer ou restaurer une mare devront signer une charte où ils s’engagent pour dix ans à ne pas introduire de poissons ni d’espèces invasives dans leur mare.
Pour candidater à cet appel à projets, rendez-vous sur le site internet du CPIE Loire-Anjou. Vous pouvez aussi joindre Jérôme Bertrand par mail à l’adresse suivante : j-bertrand@cpieloireanjou.fr
Ce programme régional est financé par l’Etat dans le cadre du plan de relance. L’enveloppe est de 230 000 euros pour l’ensemble des Pays de la Loire, dont 32 000 euros pour le Maine-et-Loire, de quoi faire des travaux dans une quinzaine de mares.
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