Les sept plus grandes puissances mondiales, les Etats-Unis, le Japon, l'Allemagne la France, le Royaume-Uni, l'Italie et le Canada, se retrouvent à Charlevoix pour le G7. Un sommet ébranlé par la guerre commerciale entre Washington et ses alliés dont nous allons essayer de comprendre les enjeux.
L'ordre du jour initial a été complètement bouleversé. On devait initialement y parler d'égalité des sexes, d'économie, de paix, de changements climatiques. Mais Donald Trump a tout fait voler en éclat. Le président américain a mis sa menace à exécution en appliquant, dès vendredi dernier, d'importants tarifs douaniers sur l'acier et l'aluminium importés de l'Union européenne, du Mexique et du Canada.
Les Etats-Unis vont donc devoir faire face au reste du groupe. Au Canada, vendredi, plutôt qu'un G7, c'est une sorte de G6+1 qui va débuter. L'Elysée a d'ailleurs prévenu : le défi est d'essayer de préserver une forme d'unité à l'intérieur du G7 et vis-à-vis de l'extérieur, mais Paris n'hésitera pas à exprimer de manière forte les intérêts de la France et de l'Europe.
Il va quand falloir se montrer ferme. Notamment pour éviter le spectre d'une guerre commerciale avec les Etats-Unis. Après la décision de Donald Trump, le Canada et l'Union européenne ont décidé de riposter en appliquant à leur tour des taxes sur des importations américaines.
Mais les deux parties ne veulent pas en arriver à une guerre commerciale. Contrairement au président américain, qui ne s'interdit rien. C'est ce qu'explique notamment l'économiste Sylvie Matelly, directrice adjointe de l'IRIS, Institut de Relations Internationales et Stratégiques.
Au milieu de la bataille, se trouvera Justin Trudeau. Le Premier ministre du Canada va devoir tenir un rôle de chef d'orchestre et trouver un moyen de réinstaurer l'harmonie. Et ce n'est pas un pari gagné, pour Patrick Leblond, politologue à l'université d'Ottawa.
D'autant plus que le Premier ministre canadien, qui voulait défendre les vertus du multilatéralisme dans une semaine au sommet du G7, ouvre un front anti-américain et s'expose à un échec politique lors de cette réunion. Mais comment négocier avec un Donald Trump qui n'est pas homme à discuter ? Ce sera un des défis à relever pendant ce G7.
Tout va également dépendre du positionnement de l'Europe, de l'Allemagne bien sûr mais surtout de la France. On le sait, l'ambition d'Emmanuel Macron est de faire de l'Union européenne un acteur incontournable, notamment pour faire face au poids des Etats-Unis. Mais est-ce possible ? La réponse de Bertrand Badie, politologue, professeur de Relations internationales à l'Institut d Etudes Politiques.
Au mois de mai dernier, la chancelière allemande Angela Merkel a estimé que l'Europe ne pouvait plus compter sur les États-Unis, pour la "protéger" en toute circonstance, et qu'elle devait en conséquence "prendre son destin en main". Une phrase lourde de sens.
La difficulté pour les dirigeants du G7 sera donc de tomber d'accord sur un communiqué final avec les Etats-Unis. Certains experts estiment même qu'il n'est pas impossible que Trump se retire et fasse imploser le Sommet. Une chose est sûre : déjà lors du précédent G7 à Taormine, les Etats-Unis avaient refusé de signer la déclaration finale, pour cause de retrait de l'accord de Paris sur le climat. Avec Donald Trump, tout est possible..
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