04/07/2016 | On a appris samedi la mort de Michel Rocard. L’ancien Premier ministre socialiste est décédé d’un cancer à 85 ans à l'hôpital de la Pitié-Salpêtrière à Paris. Un hommage national lui sera rendu jeudi 7 juillet aux Invalides, présidé par François Hollande. Ce lundi soir, une minute de silence est prévue à la mairie de Conflans-Sainte-Honorine (Yvelines), ville dont Michel Rocard fut le maire pendant 17 ans, "la plus belle fonction politique", confiait-il.
"Passionné", "visionnaire", "homme d’exception"... De tous les bords politiques, les hommages pleuvent pour saluer le théoricien de la deuxième gauche. Michel Rocard se qualifiait lui-même de "social-démocrate de dialogue". Beaucoup retiennent son souci de la rigueur financière. Lui qui souhaitait prendre en compte les "contraintes de l'économie mondialisée" sans "renoncer aux ambitions sociales".
Ce qui marque la longue carrière politique de Michel Rocard, c’est son inlassable ambition de réformer son propre camp, d’en renouveler les idées. De 1967 à 1973, il a dirigé le Parti Socialiste Unifié (PSU) dont il a fait un laboratoire d’idées pour la gauche. Mais il ne récoltera que 3,6% des suffrages à l’élection présidentielle de 1969.
Sa relation avec son meilleur ennemi François Mitterrand a marqué aussi son itinéraire politique. Au sein du Parti socialiste qu'il a rejoint en 1974, Michel Rocard incarnait l'aile modérée, avec une approche sociale démocrate "un peu à l'allemande", précise Pierre Mathiot, face à un courant "plus étatique" et "plus favorable à la rupture avec le capitalisme", que portait François Mitterrand.
Si le premier a tenté de s’imposer face au second comme candidat pour la présidentielle de 1981 ce fut en vain. Et la concurrence sans merci entre les deux hommes a culminé lors d’une cohabitation conflictuelle: Michel Rocard devenu Premier ministre en 1988, a dit avoir été "viré" trois ans plus tard en mai 1991.
Un passage à Matignon dont on retient en tout cas l’instauration d’un Revenu minimum pour les personnes sans ressources, et les accords de Matignon qui ont pacifié la situation très tendue en Nouvelle-Calédonie.
Qui sont les rocardiens d'aujourd'hui? Manuel Valls, qui s’est également recueilli dimanche sur la dépouille de Michel Rocard, le décrit comme son "père en politique". Si l'actuel Premier ministre est historiquement un "rocardien", Pierre Mathiot considère que selon "les dernières prises de positions publiques" de Michel Rocard, celui-ci "ne considérait plus Manuel Valls comme son hériter". Les façons de faire de la politique aujourd'hui ne sont plus les mêmes qu'au temps de Michel Rocard: il est difficile, selon le politologue, de lui trouver des héritiers dans la classe politique.
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