A l’occasion du 20e anniversaire de l'orgue Remy Malher, L’association « les Amis de l’Orgue de Suippes », en partenariat avec la commune de Suippes, proposent deux concerts exceptionnels en l’église Saint Martin de Suippes.
Interprété par un collectif de musiciens coréens, allemands et français issus des meilleures formations internationales reconnues dans le monde des musiques anciennes, au service d’un musicien universel : Johan-Sébastian BACH.
Un collectif composé d’un quatuor de chanteurs coréens et allemands autour de la grande soprano coréenne Yeree Suh, Yoojung Cecilia Seo alto, Minsub Hong ténor et Jaegyeun Choi basse et d’un septuor de musiciens avec à la direction et au violon solo François Fernandez, Yun-Kim Fernandez violon, Teeun Kim alto, Mathias Ferré viole de gambe, Seung Lee hautbois, Jeong-Guk basson et Jean-Christophe Leclère grand orgue.
Des auditions libres interprétées par les organistes : Stéphanie Heiden de Hardheim, Joseph Reccia de Sainte-Ménéhould, Richard Legardeur de Reims et Jean-Christophe Leclère de la basilique de l’Epine.
Après des années de gestation, en 2003 l’église Saint Martin de Suippes a été ornée d’un pur joyau, un orgue de style allemand début XVIII° siècle, chef d’œuvre du facteur d’orgue alsacien Remy MAHLER. Le 17 octobre 2003 ce fut l’inauguration avec le concours de grands organistes et musiciens de renommée internationale. Sous l’influence de la municipalité, une association « les amis de l’orgue » fut créée pour faire vivre cet orgue qui contribue largement au rayonnement de notre cité. Depuis, grâce à Jean-Christophe Leclère concepteur du triangle d’orgue de Champagne, nous avons pu offrir 4 à 5 concerts, de grande qualité, par an, à un public fidèle. Ces concerts sont pour la plupart produits par Cordis et Organo avec lequel nous avons un contrat de cession annuel. De plus nous organisons chaque année une manifestation réunissant les ensembles musicaux locaux avec la chorale La Soppia et l’harmonie batterie fanfare l’Union Musicale de Suippes qui rencontre un grand succès (450 auditeurs). Le livre d’or que nous mettons à la disposition des organistes visiteurs nous prouve son rayonnement Européen, ils viennent de toutes les régions de France et de l’étranger seuls ou accompagnés de groupes. Depuis 2004 l’association adhère à la F.F.A.O. (Fédération francophone des Amis de l’Orgue) cela permet de nous faire connaître et de diffuser nos programmes de concerts à travers toute la France et les pays limitrophes. Cette année la classe orchestre de 6 ème du collège Louis Pasteur a découvert cet instrument et assisté à une répétition en présence de tous les musiciens.
Sec, nerveux, les cheveux en bataille, des yeux perçants cerclés de petites lunettes rondes qui lui donnent un faux air de professeur Tournesol et ….. pieds nus, c’est Rémy Mahler né à La Walck dans le 67 (Bas-Rhin). À partir de 1976, il fait son apprentissage de facteur d’orgue dans l’entreprise Muhleisen à Strasbourg-Cronenbourg. Par la suite, il a enseigné pendant trois ans ( 1987 à 1990) la facture d’orgue au Centre National d’Apprentissage de la facture d’orgue d’Eschau. Il s’installe ensuite à soin compte à Pfaffenhoffen et occupait une dizaine de personnes en 2005. Ses principales réalisations en France, parmi la trentaine de création en France Allemagne et Belgique, sont les orgues de Saint-Etienne- de-Baïgorry (Pyrénées- Atlantiques), de Kirrweilen (Rhénanie Palatinat), de Suippes (Marne), de l’Evangelische de Karlsruhe (Bade- Wurtemberg), de la salle de conférence du Centre d’Eschau ou de la paroisse protestante de Dorlisheim (Bas-Rhin). En 2001, il a eu l’honneur d’exposé un grand orgue de sa fabrication au salon de la musique de Paris. Une première pour ce salon habitué aux petits instruments et c’était le grand orgue de l’église de Suippes. Il a reçu le label « Artisan 2000 » du ministère de l’Industrie et du Commerce. Il a été nommé en 2000 Chevalier de l’Ordre National des Arts et des Lettres par Madame Catherine Trautmann, alors Ministre de la Culture.
L’orgue en tribune est une réalisation du facteur alsacien Remy Mahler. De style baroque, il s’inspire des instruments d’Allemagne centrale construits début du 18 ème siècle, du temps de BACH, en Saxe et Würtemberg. Ce choix esthétique proposé par le maître d’œuvre Éric BROTTIER en collaboration avec les organistes locaux a été fait afin d’enrichir et de diversifier le paysage organistique régional qui ne disposait pas d’instrument baroque de ce style. Construit selon les procédés les plus anciens, il comprend plus de 2 000 tuyaux répartis en 28 jeux sur deux claviers et un pédalier. Il présente une palette de sonorités variées et typées permettant toutes les nuances recherchées pour interprétées les œuvres de l’époque de BACH, c’est pourquoi les flûtes et bourdons sont en tuyaux de bois. Le buffet est en épicéa et les sculptures des claires voies en peuplier. Le sommier et les coulisses sont en chêne. Il a été inauguré en 2003, sa réalisation par la commune a été subventionnée à 45 %. Historiquement il remplace sur cette tribune un instrument réalisé au cours de la seconde moitié du 19 ème siècle lequel a été endommagé au cours de la grande guerre et réparé par Théodore Jacquot. À nouveau bombardé pendant la seconde guerre il fut démonté et entreposé dans un hangar, ou il périclita. La présence d’un premier instrument est attestée dès 1621.
Le département de la Marne dans la région Grand-Est fut l’un des départements les plus meurtris par la première guerre mondiale, tant à l’ouest en raison de la guerre de mouvement des deux batailles de la Marne, qu’au nord par la guerre des tranchées et les combats des offensives d’Argonne et de Champagne. Cimetières et monuments sont très présents dans la Marne ainsi que dans l’Aisne afin de rendre hommage à tous les soldats morts durant la première guerre. Pendant les années de guerre 1914-1918, la Champagne a souffert au rythme des attaques et des batailles. Les territoires de Suippes et des communes voisines témoignent de ces affrontements à travers de nombreux lieux de souvenirs. C’est une période peu connue des années qui suivirent la première guerre mondiale, des coréens venus travailler à Suippes en 1919 pour reconstruire le pays. Au sortir de la guerre 14-18, ce peuple était sous domination japonaise. Le gouvernement français décide alors de faire venir une main d’œuvre étrangère. Il faut dire que tout est à reconstruire dans la Marne après les ravages de la guerre. Ils ne sont évidemment pas la seule nationalité mais leur présence va marquer dans le département. Pour ces travailleurs, c’est aussi la difficulté de vivre aussi loin de leur nation qui durant cette période manifeste un désir d’indépendance et la mise en place d’un gouvernement. Il faut dire qu’en Corée, le peuple connaissait la terreur. Quant à la vie à Suippes ? Elle était dure relate Jean-Jacques Hong Fuan, fils d’immigré coréen à Suippes, qui a organisé récemment le retour en Corée des cendres de son père depuis la commune de Suippes ou ont eu lieu en 2018 des commémorations officielles. Depuis 1621, l’église Saint Martin de Suippes est dotée d’un orgue dont le constructeur reste à ce jour inconnu. Il a subi les vicissitudes de la mise au gout du jour puis des deux conflits mondiaux qui ont affecté la commune de Suippes. Au début du XXIème siècle, au moment de reconstruire un instrument digne de ce nom, avec une vocation complémentaire des autres instruments de la région, le choix se porte sur un orgue de type germanique dont l’inauguration s’inscrira alors dans la liste des nombreuses festivités commémorant le 40 ème anniversaire du traité de l’Élysée, c’est-à-dire de l’amitié franco-allemande. De ces trois constats historiques nait l’idée d’associer des musiciens coréens, allemands et français, confortés par le fait qu’environ 6 600 Coréens résidant en France, et que la plus importante minorité coréenne en Europe réside en Allemagne.
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