Vincent Destival revient sur la grève de la faim menée par trois personnes à Calais, dans le but de dénoncer la situation des migrants dans la ville du Nord. Situation inhumaine à leurs yeux.
"Ce matin, la police est venue. Ils m’ont dit : "Vous devez partir, sinon, on va prendre vos affaires et les jeter à la poubelle."" "Dormir dehors, c’est dangereux. Je me réveille toutes les heures pour vérifier que personne ne m’a piqué mon sac." "La police a pris mon sac à dos. Dedans, il y avait le numéro de téléphone de ma famille." Ce sont les paroles de Shammi et Ibrahim, 16 ans et 20 ans.
C’est à cause de ces cris que, depuis 11 jours, Anaïs, Ludo et le Père Philippe sont en grève de la faim. Ils ne peuvent pas supporter de voir, dans notre pays, des gens aussi malmenés, maltraités ; et c’est c’est le cas à Calais depuis des années… Ils veulent dénoncer une fois encore la situation insoutenable et inhumaine vécues par les migrants de Calais. Qu’elles aient raison ou tort, ces personnes sont là ; et nous devons respecter leur humanité et entendre leur souffrance.
Et voilà ce que dit le P. Philippe: "Le sujet, ce n’est pas cette grève, c’est l’inhumanité. Ces gens qui dorment et vivent par terre, à qui l’on vient arracher leurs tentes, leurs affaires, c’est quelque chose d’intolérable".
Bien sûr, on ne décide pas de faire la grève de la faim à la légère. Mais cela fait des années que les associations alertent sur les violations récurrentes des droits et les traitements inhumains à l’encontre des exilés dans le Calaisis. Des structures officielles de la République comme la Défenseure des droits ou la Commission nationale consultative des droits de l’homme en font autant. Mais aucun dialogue n’est possible avec les pouvoirs publics. "Il n’y a plus aucune écoute de la part des autorités" fait valoir dans Le Monde Ludovic Holbein, un des grévistes de la faim.
Les grévistes de la faim portent trois revendications :
- La suspension, pendant la durée de la trêve hivernale, des expulsions quotidiennes et des démantèlements de campements ; cette période au cours de laquelle les personnes qui n’ont pas de toit sont encore plus vulnérables ; et encore plus dans le nord de notre pays.
- L’arrêt de la confiscation et de la destruction des affaires personnelles des migrants ; tente, sac à dos, sac de couchage, papiers d’identité…
- Ils demandent enfin qu’un dialogue s’ouvre entre les associations et les pouvoirs publics pour adapter l’aide aux besoins des personnes exilées. Rappelons que nous parlons de besoins de base. Pouvoirs publics et associations nous devons parvenir à trouver des solutions de long terme. Il en va de la dignité humaine.
Si vous voulez les soutenir, vous pouvez signer la pétition que nous avons mise en ligne sur le site change.org et vous pouvez les rejoindre sur leur compte Twitter ou Instagram.
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