Ouverte en août 2020, inaugurée seulement le 19 mai à cause de la crise sanitaire : la maison intergénérationnelle La Bonne Étoile, située dans le quartier du Neudorf à Strasbourg, est le fruit du travail de l'association Habitat et Humanisme Alsace Nord. Sa directrice, Marielle Bour, nous en fait visiter les coulisses.
Adrien Beaujean : Quand on parle de maison intergénérationnelle, de quoi on parle, comment ça fonctionne?
Marielle Bour : C’est une proposition d'habitat innovant mise en place par le mouvement Habitat et Humanisme. J'ai envie de dire c'est un peu un habitat inclusif avant l'heure, c'est à dire un habitat qui permet de réunir deux ou trois populations différentes, deux ou trois publics différents. Donc, chez nous, ce sont en premier lieu des jeunes étudiants ou salariés de moins de 30 ans. Ensuite, on a des logements dédiés à des personnes âgées, et le reste à des familles monoparentales. Et il y a quinze logements pour chaque catégorie. Il faut savoir que nous, à Strasbourg, on a donc cette maison intergénérationnelle qui est composée de 45 logements, ce qui est plutôt un grand format, mais qui s'explique aussi par la taille de la ville et la tension qu'il y a sur le logement social. Parce que généralement dans le mouvement, le format, c'est plutôt autour de 25 logements.
A.B. : On parle donc de cette maison “La Bonne Étoile” à Strasbourg : quel est son objectif ?
M.B. : Il y en a plusieurs, notamment permettre de recréer du lien entre personnes d'horizons différents, d'avoir aussi des temps collectifs et d'avoir finalement un espace où se reconstruire pour les personnes qui en auraient besoin dans leur parcours. Et aujourd'hui, sur les 45 logements, nous accueillons 60 personnes en tout, avec une dizaine d'enfants. La manière dont fonctionnent ces habitats collectifs chez nous, c'est avec un rez de chaussée composé d’espaces collectifs. Donc on a une grande salle de convivialité avec une cuisine, un salon ouvert aux locataires en permanence, ainsi qu'une laverie qui sont autant d'espaces pour mener des actions ensemble. Et notamment la question de la laverie, c'est quelque chose d'important dans notre projet social au départ, parce que la plupart des logements ne sont pas dotés d'espaces suffisants pour avoir une machine à laver. Mais aussi parce que c'est un service rendu et un espace de rencontres et de vivre-ensemble. Donc on est vraiment sur trois espaces qui permettent des activités avec une ouverture sur l'extérieur et des salles qui peuvent être mises à disposition de partenaires. Je pense notamment à la salle de convivialité qui est largement ouverte sur le quartier.
A.B. : Il fallait trouver des personnes qui étaient aptes et surtout prêtes à s'engager dans ce type de projet. Est ce que ça a été compliqué à trouver ou finalement avec tout ce qui s'est passé depuis deux ou trois ans et cette crise sanitaire, les gens avaient peut être besoin aussi de retrouver ça et ils étaient plus volontaires qu'avant ?
M.B. : Alors c'est certain que les gens en ont besoin et recherchent tout cela, notamment au niveau des personnes âgées. Ensuite, on a eu grâce à nos partenaires qui sont aussi les réservataires des logements, un accueil favorable justement qui puisse identifier les futurs locataires qui sont sensibles à ce projet collectif. Il ne s'agit pas de vivre ensemble tout le temps. Comme je disais dans les étages, chacun a son logement. C'est plutôt ce qui se passe au rez de chaussée. Et puis impulser les parties prenantes pour rédiger une charte du vivre ensemble et faciliter ou avoir au moins deux ou trois personnes par étage référentes, et des moteurs pour mettre du liant dans cet ensemble. Parce qu'aujourd'hui, tout le monde n'est pas investi de la même manière dans ce collectif là. Mais on a quand même une bonne partie des personnes qui participent aux activités, certaines qui proposent donc cette envie de faire ensemble et de se sentir utiles pour les uns et les autres. C'est quelque chose qu'on ressent tout à fait.
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