"Noël cette année sera le pire depuis la Seconde guerre mondiale", a affirmé Sadiq Kahn, le maire de Londres, dimanche matin, lors d’une interview sur la chaîne de télévision britannique Sky. Quelques heures plus tôt, samedi, Boris Johnson a annoncé de nouvelles restrictions à Londres et dans le sud-est du pays. Le Premier ministre britannique a expliqué qu’un nouveau rebond de l’épidémie est dû à une nouvelle variante du virus. Conséquence : de nombreux pays ont décidé de fermer les liaisons avec le Royaume-Uni.
Cette variante serait apparue mi-septembre à Londres ou dans le Kent, selon le conseiller scientifique du gouvernement britannique. Et elle est à l'origine de 62% des contaminations enregistrées à Londres au mois de décembre et de 43% dans le sud-est, bien plus qu'à la mi-novembre. Lors d’une conférence de presse, samedi, Boris Johnson a fait un point de situation. "Il n’y a aucune preuve qu’elle cause une forme plus sévère de la maladie ou un taux plus élevé de mortalité. Les dernières analyses suggèrent que cette nouvelle variante pourrait augmenter le taux de reproduction. Et malgré une importante incertitude, elle pourrait être jusqu’à 70% plus transmissible que l’ancienne version du virus", a-t-il affirmé.
La mutation dont on parle en Grande-Bretagne se retrouve de plus en plus souvent chez les personnes infectées. Et le ministre de la Santé britannique, Matt Hancock a estimé dimanche que "ce sera très difficile de garder cette nouvelle souche sous contrôle jusqu'à ce qu'un vaccin soit déployé". Pour Jean-Paul Stahl, professeur émérite des maladies infectieuses à l’université de Grenoble, il faut être prudent et attendre d’avoir plus d’informations. Il explique aussi que les mutations de virus sont normales. "Il y a une souche qui circule, elle est mutante. Ce n’est pas la première. La vraie question c’est de savoir si ça doit changer nos comportements et la réponse est non car la transmission reste la même", alerte-t-il.
Selon les spécialistes, il ne devrait pas y avoir de conséquence sur les vaccins.
Les habitants ont pour consigne de rester chez eux, et les commerces non-essentiels, les pubs, les restaurants et les musées doivent rester fermés. Et pour éviter que cette souche du virus ne se diffuse, plusieurs pays européens, dont l'Allemagne, la France, l'Italie et l'Irlande ont annoncé dimanche la suspension des vols en provenance du Royaume-Uni. Le Canada a fait de même, tout comme la Russie, l'Arabie saoudite, Israël, l'Argentine ou le Chili.
Certains évoquent des mesures prises dans la panique. Mais pour Philippe Amouyel, épidémiologiste, professeur de santé publique au CHU de Lille, elles sont des mesures légitimes. "Pour l’instant, on ne sait pas quelles sont les implications que va avoir cette modification. Ces mutations touchent la région du génome qui sert au virus à rentrer dans les cellules. Un des risques serait que cette modification favorise la rentrée du virus dans les cellules", explique-t-il.
Les 27 États membres de l’Union européenne se réunissent mardi 22 décembre pour coordonner une réponse à cette nouvelle souche qui a provoqué des restrictions en chaîne dans tout le pays ainsi qu'un isolement avec de nombreux pays.
Les pays européens ont tout d’abord pris leurs décisions de manière unilatérale, sans concertation. Et cela repose la question d’une réponse collective au niveau européen. "Les compétences de l’échelon européen sont limitées à la santé publique. Tout ce qui relève de l’action sur les systèmes de soin est exclu de ses compétences en santé. Imaginez que les États membres puissent s’engager plus loin pour que l’Union européenne soit plus contraignante, je doute que cela soit faisable. Il faudrait doter l’Europe de plus de moyens pour aider à la coordination entre les États membres", analyse Henri Bergeron, directeur de recherches au CNRS et enseignant à Sciences-Po.
Maintenant que le vaccin de Pfizer-BioNtech a été autorisé lundi 21 décembre par l’agence européenne du médicament, on pourrait voir apparaître des décisions différentes en matière de vaccination selon les pays, à la fois sur le plan logistique. Mais aussi sur le plan politique, certains spécialistes estiment qu’il y a une sorte de compétition entre les chefs d’État et de gouvernement pour être celui qui protègera le mieux sa population.
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