Le décret, signé par le ministre de l’Intérieur, Christophe Castaner, dans la nuit de de vendredi à samedi, avec effet immédiat, a permis la reprise des cultes dès ce samedi 23 mai. Le gouvernement s’est en fait plié à la décision du Conseil d’Etat qui lui avait ordonné, lundi dernier, de lever, dans un délai de huit jours, l'interdiction totale de la reprise des cérémonies religieuses.
Après 70 jours de célébrations suivies sur les écrans, les fidèles ne se sont pas fait prier pour retourner dans les lieux de culte. Ce week-end, plusieurs centaines de catholiques ont pu assister à des messes publiques, un peu partout en France. A Paris, Valérie-Anne Maitre est allée à l’une des premières messes du soir, célébrée en l’église Saint-Germain l'Auxerrois. Administrateur de cette église, Mgr Patrick Chauvet, qui avait préparé l’église depuis plus de 8 jours, s'est dit heureux de célébrer devant des visages « même s’ils sont masqués ». Mgr Michel Aupetit, qui célébrait la messe, n’a pas caché non plus sa joie de retrouver les fidèles dans cette église, lors de son homélie. Et cela, même si la liturgie a dû s’adapter à de nouvelles contraintes sanitaires : la communion se fait uniquement dans la main et les fidèles doivent utiliser du gel hydroalcoolique à l’entrée et à la sortie de l’église.
La distanciation physique doit, bien sûr, être respectée et le port du masque est obligatoire. Autant de mesures sanitaires qui ont forcément un peu modifié les habitudes des croyants. Sans toutefois entamer leur joie de se retrouver en communauté et de communier. Auberi Maitrot est allée recueillir leurs réactions sur le parvis de l'église Saint-Liboire, au Mans.
A la sortie de la messe de 10h30, à l'abbatiale Saint Mélaine à Rennes, les paroissiens ont manifesté leur joie de se retrouver ensemble pour l'Eucharistie. Derrière les masques, on pouvait percevoir les sourires.
Une reprise progressive
La reprise des messes publiques s’organise néanmoins tout en prudence. Chaque évêque ou prêtre prend la responsabilité de déterminer, librement, la date de la reprise des cérémonies religieuses en public. « Il faut savourer la joie de se retrouver sans toutefois se précipiter », estime Thierry Magnin, le porte-parole de la Conférence des évêques de France. « Le fait que les messes n’aient pas redémarré partout montre bien ce sens de la responsabilité », ajoute-t-il. Cela sera très progressif, dans des conditions sanitaires qui nous permettent de faire notre devoir de citoyens, c’est-à-dire de lutter contre la pandémie dans une solidarité nationale".
C’est aussi dans la prudence que les musulmans ont célébré l’Aïd, hier. Plus de 2.000 fidèles ont posé leur tapis de prière en plein air, dans un stade de Levallois-Perret. D’autres se sont parfois retrouvés dans des mosquées, mais les autorités musulmanes avaient demandé aux fidèles de prier à la maison. C’est en tout cas la fin d’un mois de ramadan confiné, et donc forcément particulier, d’après Ghaleb Bencheikh, le président de la Fondation de l'islam de France. « Le jeûne du mois de Ramadan s’est passé cette année dans des conditions particulières, voire extraordinaires, au sens premier du terme. Les fidèles ont néanmoins réussi à passer tout ce mois dans l’élévation spirituelle, dans l’échange, via les réseaux sociaux, et ce qui leur avait manqué davantage était la dimension du partage et de la solidarité. Pour le reste, cela a dû accroître l’intériorité et le fait de se retrouver avec soi-même ».
Dans certains diocèses, les évêques ont conseillé d’attendre la Pentecôte pour les premières messes publiques. Certains curés ou équipes paroissiales ont parfois aussi prévenu qu’ils prenaient quelques jours de plus pour préparer au mieux la reprise des célébrations publiques.
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