Depuis quelques années, les tentatives de rapprochement entre les universités lyonnaises se sont multipliées, si bien que Lyon 1 et Lyon 2 auraient pu fusionner cette année. Le projet, de son nom Pluriel 2024, s'est soldé par un échec. Analyse.
Depuis une vingtaine d’année, poussé par des projets nationaux, le monde universitaire lyonnais cherche à se rapprocher. C’est ainsi qu’en 2015 naît la ComUE Lyon, une communauté des universités et établissements qui a pour but de porter la coordination territoriale du site académique de Lyon Saint-Étienne. Mais depuis sa création, tous les projets de structuration du site se sont soldés par des échecs.
En 2020, c’était le cas avec l’IDEX, un projet de regroupement sous un label d’excellence de Lyon 1, Lyon 2, de l’ENS et de l’université Jean-Monet à Saint-Étienne : un échec suite à un vote non-favorable de l’université de Saint-Étienne.
Plus récemment, un nouveau projet visant à fusionner les universités Lyon 1, Lyon 2 et des écoles comme CPE Lyon voyait le jour. Le projet, de son nom Pluriel 2024, devait initialement permettre la création d’un EPE, un établissement public expérimental, conformément à la convention de 2018, « relative à l'expérimentation de nouvelles formes de rapprochement, de regroupement ou de fusion des établissements d'enseignement supérieur et de recherche ». L’objectif était de créer une grande université pluridisciplinaire qui aurait pu se montrer plus compétitive à l’échelle internationale.
Mais le projet Pluriel n’aura finalement pas lieu. Nathalie Dompnier, la présidente de l’université Lumière Lyon 2, l’annonçait en février dernier à travers une missive de 6 pages. Document dans lequel elle accuse directement son homologue de Lyon 1, Frédéric Fleury : « La présidence de l’université Claude Bernard renonce au projet de création d’une université pluridisciplinaire. Elle s’est emmurée dans la certitude de la supériorité de son modèle institutionnel, Il s’agit d’une lourde erreur d’appréciation des enjeux de structuration du paysage académique lyonnais ». Plus concrètement, Lyon 1 n'aurait pas été très ouverte à discuter du modèle de direction de l’EPE.
De son côté, Frédéric Fleury déplore le fait que l’université Lyon 2 n’aurait pas réussi à trouver les fonds nécessaires pour mener à bien le projet, qui aurait coûté 8 millions d’euros par an. Pour Alfred Bovon, membre de la CGT FERC Sup, une union nationale de syndicats des établissements d’enseignement supérieur. Les causes de l’échec seraient dues à une volonté presque « hégémonique » de la présidence de Lyon 1.
Le couple présidentiel Ben Hadid/Fleury est responsable de l’échec du projet. Ils n’ont pas eu l’air de communiquer franchement avec l’université Lyon 2, ni avec les partenaires du site, ni avec les organisations syndicales. Depuis longtemps, ils savaient qu’ils ne feraient aucune concession à Lyon 2.
Un échec qui aurait donc été causé en grande partie par un manque de communication de la part de la direction de Lyon 1.
Malgré l’échec du projet, l'université Claude Bernard espère tout de même voir naître, dans les prochains mois, un EPE sur le site académique lyonnais. Un établissement qui serait formé de Lyon 1, du CPE Lyon avec « une association renforcée » de Lyon 2 en vue d’une intégration ultérieure. Un EPE formé presque seul, bien loin du projet IDEX qui devait rassembler 14 établissements du site.
Lyon 1 est, de plus, contrainte par le temps, car la convention d’EPE expire d’ici fin 2025. Le projet doit donc se faire en urgence, mais certains établissements lyonnais s’y opposent. En effet, ce mardi 5 mars, le CA de Lyon 1 devait voter la feuille de route du projet. Cependant, le vote a été reporté « à là demande de certaines personnalités extérieures ».
En parallèle 8 chefs d’établissement du site, dont Nathalie Dompnier, ont adressé un courrier à la ministre de l'Enseignement supérieur, Sylvie Retailleau, affirmant que ce projet « ne pourrait pas constituer la rampe de lancement attendue pour la structuration du site ». Rappelant au passage leur souhait de « poursuivre la démarche collective impulsée depuis 2022 ». Le projet n’est pas encore totalement tombé à l’eau, et si la feuille de route est votée, seule la ministre pourra décider si le projet d’EPE de LYON 1 se réalisera.
Jean-Michel Longueval, vice-président à la métropole de Lyon en charge de l’enseignement supérieur, de la recherche et de la vie étudiante, relativise : « je voudrais insuffler une certaine dose d’optimisme, il faut arrêter de se renfermer sur ses échecs passés, il ne faut pas pleurnicher et continuer à développer des projets. L’idée, c’est que ça viendra quand ça viendra ». Les universités Lyon 1 et Lyon 2 rappellent elles aussi que même si les gros projets de rapprochement ont du mal à se finaliser, les laboratoires de recherches des différentes universités travaillent déjà régulièrement ensemble sur des chantier communs.
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