Travailler plus après le confinement pour rattraper les pertes liées au chômage partiel et à la baisse d'activité de bon nombre d'entreprises : "le débat est clos", a déclaré hier le président du Medef sur Europe 1. Geoffroy Roux de Bézieux avait soulé un tollé en expliquant samedi dernier dans un entretien au Figaro qu'il faudra "bien se poser la question tôt ou tard du temps de travail, des jours fériés et des congés payés pour accompagner la reprise et faciliter, en travaillant un peu plus, la création de croissance supplémentaire". Depuis, il a fait machine arrière hier en expliquant qu’une augmentation du temps de travail, "ça ne peut se faire que dans le dialogue social avec les syndicats". Du côté de la CFTC, avant l'allongement du temps de travail, d'autres questions se posent, plus urgentes. Explications de son président Cyril Chabanier.
700.000 entreprises et huit millions de salariés sont aujourd'hui concernées par le chômage partiel. La reprise économique après le confinement s’annonce compliquée. Mais lundi soir le président s’est voulu rassurant : "Je sais les angoisses des entrepreneurs. J’ai demandé au gouvernement d’accroître les aides. Un plan spécifique sera mis en œuvre pour les secteurs qui seront durablement affectés." Reste que "la question la plus importante que les gens se posent aujourd'hui", d'après Cyril Chabanier, est : va-t-on garder nos emplois et nos entreprises ?
S'il sera nécessaire d'envisager les conditions de sécurité sanitaire pour les travailleurs à la sortie du confinement, d'autres questions vont rapidement émerger. "On devra aussi tirer des enseignements et se poser les questions sur la rémunération des personnes qui ont continué à travailler durant ce confinement, prévient Cyril Chabanier, ce sont souvent des personnes qui sont peu considérées et mal rémunérées."
La reconnaissance de l'utilité sociale des travailleurs est un chantier que porte la CFTC depuis "des années". Or "notre économie va changer", assure le président du syndicat. "On devra repenser certains métiers" et reconnnaître que certains, jusque là "souvent dénigrés" et "peu rémunérés", se sont avérés essentiels en période de confinement et de lutte contre l'épidémie. Il faudra aussi repenser "la façon dont on conçoit l'économie, en lien avec la santé, l'écologie, le social..." La CFTC, qui "a des propositions" se dit prêtre à "en discuter avec le gouvernement".
"Oui, le dialogue social a été à la hauteur sur le sujet du Covid", partage le président de la CFTC. Pour un gouvernement qui, "parfois, avait mis un peu de côté" le dialogue social, souligne Cyril Chabanier, il y a là une leçon à tirer. "Ça a peut-être démontré à ce gouvernement qu'un dialogue social qui est développé et qui est intense apporte beaucoup de choses."
"Des relations très très fréquentes avec les ministères pour faire des points d'étape et faire remonter toutes les difficultés du terrain" ont permis un dialogue social "intense et important". Cyril Chabanier salue "une grande réactivité, puisque la plupart des difficultés qu'on a faites remonter ont été traitées dans les jours qui ont suivi".
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