Les vendanges ont débuté lundi dans bon nombre de domaines viticoles de Savoie. Après deux années difficiles et un été rythmé par les aléas climatiques extrêmes, c'est avec appréhension que les viticulteurs ont commencé à récolter les parcelles les plus précoces. Mais contre toute attente, à Chignin, pour le Domaine Berthollier, labellisé Agriculture Biologique, la cuvée 2023 sera correcte.
Si les vendanges représentent toujours un temps convivial et joyeux, point d'orgue d'une année entière de travail, c'est aussi le moment de vérité. "C'est aujourd'hui que l'on voit si on a bien taillé les vignes" explique Jérôme, qui fête ses dixièmes vendanges. Mais tandis qu'il donne les premiers coups de sécateurs à la base des grappes de Pinot, il repense aux mois derniers : le travail humain n'est plus le seul critère d'importance, loin de là. "Avec le changement climatique, c'est de plus en plus dur" regrette l'employé du domaine.
Un peu plus loin, au pied du coteau, Didier Berthollier, assure les allers-retours en tracteur, rassemble les caisses de fruits récoltés. Son frère et lui font face, depuis quelques années, à des saisons difficiles, marquées par des épisodes météorologiques toujours plus violents. Mais cette année, les éléments se sont déchaînés.
En levant les yeux au ciel, il raconte. "Il y a eu le gel tardif d'avril-mai, les intempéries de juin, la grêle de juillet, puis les 15 jours de canicules d'août". À chacun de ces événements, les deux frères ont perdu 10 % de leur récolte. "Cette année... C'était la totale" résume-t-il.
Pourtant le viticulteur fait contre mauvaise fortune, bon cœur. "Je n'ai pas le droit de me plaindre, certains de mes collègues n'ont plus rien". Sur les communes de la Palud (38) ou d'Apremont, les grêlons de juillet, gros comme des balles de golf, ont haché les vignes, jetés le raisin à terre. Les pertes, sur ce versant qui fait face à Chignin, vont de 30 % à 100 %.
Inutile de préciser qu'à la fin du mois d'août, les viticulteurs se demandaient s'il y aurait quoi que ce soit à cueillir au moment des vendanges. Mais il y a 15 jours, la pluie tant espérée est enfin tombée du ciel. Une pluie fine, abondante. "Il y a eu ici 80 mm" raconte Jérôme en continuant de sillonner la vigne. "Ça a réhydraté le fruit" poursuit Didier Berthollier. "C'était inespéré !"
Un petit miracle qui vient sauver, de justesse, une saison mal embarquée. "Au final, on aura des rendements meilleurs que les années précédentes" estime Didier. "On va faire des vendanges tout à fait correctes".
Seule la Jacquère accuse un peu de retard, mais la météo qui vire, de nouveau, à la pluie pourrait permettre aux grains de se refaire une santé avant la récolte, avant la fin des vendanges, prévue début octobre.
Un vin qui arrivera sur table dans un an
"Avant, on disait que l'on pouvait boire le vin de Savoie à Noël" rit Didier Berthollier. Mais ici, les viticulteurs ont à cœur de proposer un produit qui monte en gamme, des vins qui se gardent dans le temps, sans détérioration.
La cuvée 2023 des Berthollier sera en vente l'été prochain.
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