De quoi allez-vous nous parler Jean-Marie aujourd’hui ?
De l’abolition du congés maternité qui s’annonce.
Du fait de la loi PACTE ?
Non, du fait de l’avis du CNCE de la semaine dernière.
Alors Jean-Marie en quoi l’avis du CCNE annonce-t-il l’abolition du congés maternité ?
En lisant cet avis, je voyais des lions et des girafes débattre des mérites de la pluie sur la savane, en oubliant qu’ils étaient… dans les cages d’un cirque ! Les auteurs de cet avis débattent en effet des rapports entre la science, la médecine, la société et le droit, en oubliant– chose incroyable ! – le contexte économique et financier dans lequel le débat se pose ! Comment peut-on sérieusement donner aujourd’hui un avis éthique sur l’avenir du vivant sans prendre en compte la dimension économique et financière de cette question ? Alors que le vivant est une matière première en Chine et un marché aux Etats-Unis, avec ses cohortes d’acteurs industriels, économiques et financiers poussant dans le sens de leurs intérêts propres !
Et en quoi l’avis de CNCE ouvre-t-il la voie à l’abolition du congés maternité ?
Aveugle et sourd aux enjeux économiques donc, le CNCE ne trouve plus rien à redire à l’autoconservation des ovocytes des femmes en âge de donner la vie. Sérieusement Stéphanie, qui va se saisir de cette perspective ? Les acteurs du monde économique. Comme c’est déjà le cas aux Etats-Unis où certaines entreprises bien connues en font un avantage social. Et c’est quoi le message dans ce cas ? Tu es une femme ? Tu veux réussir ? Tu veux l’égalité des salaires ? Congèle tes ovocytes ! Deviens un homme comme un autre ! Quel bonheur pour nos collaboratrices, n’est-ce pas ! Mais surtout quelle économie pour l’entreprise, quelle économie pour l’assurance maladie ! La fin des congés maternités ! Voilà un enjeu éthique sur lequel - chef d’entreprise - j’attendais un avis éclairé du CNCE. Soit pour nous dire que la loi devait nous protéger des forces du marché, soit au contraire pour nous expliquer pourquoi il est désormais juste de mettre jusqu’à nos ovocytes aux services de ces acteurs.
Et votre conclusion Jean-Marie ?
Souvenez-vous, la semaine dernière je me demandais si ma fille avait toujours le droit de rêver d’être comme sa grand-mère, mère au foyer. Mais en lisant cet avis, je me suis posé une toute autre question : aura-t-elle le droit - demain - de rêver d’être comme sa mère, respectée dans son travail, respectée dans sa féminité, respectée dans sa maternité ? et je crains que non ! C’est pourquoi j’invite le Medef, la CPME ainsi que l’ensemble des organisations syndicales à rejeter avec la plus grande fermeté et ce jusqu’au Bureau International du Travail, cette perspective qui consiste à faire de la maternité de nos collaboratrices un biais immonde de compétitivité.
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