Il y a quelques dizaines d'années, après avoir conduit quelques heures, vous étiez quasiment assuré de retrouver de nombreux insectes écrasés sur votre pare-brise. En 2019, sur le même chemin, vous n'en aurez que quelques-uns. Car les insectes sont en train de disparaître à une vitesse alarmante, c'est ce que montre une étude australienne publiée il y a quelques jours.
Les abeilles, les guêpes, les frelons, les scarabées ou encore les libellules sont en voie d'extinction. Pas moins de 40% des insectes seraient sur le déclin. C'est ce qui ressort d'une étude menée par deux chercheurs, Francisco Sanchez-Bayo et Kris Wyckuys des universités de Sydney et du Queensland en Australie. Ils ont compilé 73 études publiées ces 40 dernières années. Ils estiment qu'aujourd'hui nous sommes arrivés au 'au plus massif épisode d'extinction' depuis la disparition des dinosaures. La principale raison : l'influence de l'homme, comme l'explique Kris Wyckuys, l'un des auteurs de cette étude.
Aujourd'hui, environ un tiers des espèces d'insectes sont menacées d'extinction et chaque année environ 1% supplémentaire s'ajoute à la liste, d'après les auteurs de cette étude australienne. En clair, dans 50 ans, il n'en restera que la moitié, et dans 100 ans, il n'y en aura plus. Et pourtant nous avons besoin des insectes ! Et cela pour deux raisons: la première, assez philosophique, est celle avancée par le naturaliste François Lasserre, vice-président de l'Office Pour les Insectes et leur Environnement.
L'autre manière de voir les choses est beaucoup plus terre à terre. Leur disparition devrait impacter l'homme, dont les cultures pollinisées assurent plus du tiers de l'alimentation mondiale. Les explications de Kris Wyckuys, un des deux auteurs de l'étude australienne.
L'équation semble simple : l'agriculture décime les insectes, l'agriculture doit changer. A l'échelle mondiale, le marché des pesticides représentait 75 milliards de dollars en 2017. Pourtant, il existe aujourd'hui de nombreux moyens de s'en passer. Par exemple, le sevrage de pesticides peut passer tout simplement par le recours à des insectes alliés. Il est possible de jouer avec les odeurs et autres signaux que perçoivent les insectes, pour les attirer ou les repousser. A chacun de se poser les bonnes questions, notamment quand on est agriculteurs. C'est ce que précise le naturaliste François Lasserre, vice-président de l'Office Pour les Insectes et leur Environnement.
Illustration avec le président du réseau Civam, les Centres d'Initiative pour Valoriser l'Agriculture et le Milieu rural. Quentin Delachapelle fait de la polyculture dans l'Est de la Marne. Il a repris la ferme familiale de 160 hectares, il y a dix ans. En cinq ans, cet agriculteur a réduit de moitié sa dépendance aux engrais chimiques, sans perte de revenu. Il a notamment fait en sorte de lutter contre les pucerons.
Sauvez les insectes, c'est donc possible. Il faut aujourd'hui y mettre de la volonté individuelle, mais aussi de la volonté politique.
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