Le Sénat a entamé hier l’examen en commission du projet de réforme ferroviaire, alors que l'entreprise connaissait sa 22e journée de mouvement. Le taux de grévistes, 14%, a été le plus bas en semaine depuis le début du conflit. Et celui des conducteurs en grève est passé pour la première fois sous les 50%. On verra ce qu’il en est aujourd’hui.
Dans le même temps, les syndicats ont rendu public hier le résultat de leur vot’action, le scrutin qu’ils ont organisé auprès des cheminots sur le projet gouvernemental. Le résultat, près de 95% de votes contre. Ce qui n’est pas vraiment surprenant, compte tenu du peu de concessions du gouvernement sur son projet. Surtout, le taux de participation a dépassé les 60%, un chiffre que les syndicats comparent au niveau de participation des dernières élections professionnelles, 68%.
Les radicaux de Sud Rail ont sans surprise demandé au patron de la SNCF, Guillaume Pepy, d’en « tirer les conséquences » et de « présenter sa démission avant la fin de la semaine ». Une personnalisation que refusent les syndicats réformistes, CFDT et Unsa, qui cherchent une porte de sortie au conflit. A la différence de leurs camarades de la CGT cheminots et de Sud, ils ont accepté de revenir la semaine dernière à la table de discussion au ministère des transports.
Compte tenu du résultat de la vot’action, la sortie de crise semble encore loin. D’autant que les élections professionnelles auront lieu cet automne à la SNCF. Chacun va donc jouer ses pions de manière très prudente. Le gouvernement et la direction comptent sur le Sénat pour jouer au « pompier social », en donnant des gages à la CFDT et l’Unsa, qui ont porté de nombreux amendements au texte. Ces derniers savent depuis longtemps que les grands points de la réforme ne sont plus négociables : ouverture des lignes nationales à la concurrence, fin du recrutement au statut à partir de janvier 2020 et changement du statut juridique de la SNCF. Mais ils attendent un renforcement de protections sociales pour les cheminots qui seront transférés à des nouveaux opérateurs en cas de perte de contrat par la SNCF.
La négociation porte sur la taille du « sac à dos » social qu’ils emporteront avec eux chez leur nouvel employeur : maintien du niveau de rémunération, du régime de retraite et garantie de l’emploi pour ceux ayant été embauchés au statut. Sans compter une sorte de droit de retour à la SNCF dans certaines conditions.
L’autre nouvelle importante qu’attendent les cheminots, c’est l’ampleur de la reprise de la dette de la SNCF que veut opérer le gouvernement. Le premier ministre, Edouard Philippe, qui doit rencontrer demain les syndicats pour des entretiens bilatéraux devrait leur donner un chiffre. Selon les Echos, l’allègement pourrait porter sur les trois quart de la dette, soit 35 milliards d’euros, en deux fois, en 2020 et 2022.
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