"Je crois qu'on peut interpréter ces violences comme le signe et la manifestation de cette ghettoïsation qui est le lot de nos quartiers sensibles", explique le P. Jean-Marie Petitclerc. En 2009, il publiait "Pour en finir avec les ghettos urbains" (éd. Salvator). Ce prêtre salésien de Don Bosco est polytechnicien de formation et éducateur, à l'origine du Valdocco, un centre d'accueil pour jeunes en difficulté. Selon lui, on parle beaucoup de "grands ensembles": on devrait dire "grands à-part". "Le drame de tous ces jeunes c'est qu'ils ne rencontrent que des jeunes des quartiers."
Mixité sociale, mobilité... Pour le prêtre il faut tout faire pour sortir de cette "ghettoïsation". A deux mois du premier tour des élections des présidentielles, il déplore que seuls Marine Le Pen ou Jean-Luc Mélenchon abordent la question. Il se dit "inquiet du silence des politiques". "Même dans le document des évêques il n'y a rien sur les quartiers sensibles." Acteur de terrain, le P. Petitclerc est aussi une personnalité engagée, puisqu'en 2007 il a été chargé de mission au cabinet de Christine Boutin. Il milite pour une politique "de la ville" et non "des quartiers".
Selon l’Observatoire national de la politique de la ville, malgré les 47 milliards d’euros investis depuis 2003 dans les 1.296 quartiers classés en Zone urbaine sensible (ZUS), où vivent près de 5 millions de personnes, 42% des jeunes sont au chômage.
A Argenteuil, que le P. Petitclerc connaît bien, "sur 1.000 jeunes, 250 sont parfaitement intégrés, 150 sont complètement désinsérés, et 600 sont plus ou moins en difficulté". Le problème, explique le prêtre, c'est que l'on se forge une image des jeunes à partir des plus violents et les moins insérés dans la société. Il témoigne: "Bon nombre de jeunes en ont ras-le-bol de ce contrôle au faciès." De cette image de délinquant ou de radicaliste potentiel qui leur colle à la peau.
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