"Dans la société française, se dire catholique, cela revient à de multiples réalités très différentes. Quelques chiffres permettent de mesurer cette complexité : dans la population française, les Français qui ont plus de 18 ans, on a un peu moins de 70% de baptisés. C’est une moyenne. Ensuite, il y a ceux qui se disent catholiques quand on les interroge, ils sont un peu plus de 53%. Enfin, si on s’intéresse à ceux qui pratiquent, qui pratiquent aux grandes célébrations annuelles, ils sont 11%. Mais il y a une grande élasticité de la définition du catholique pratiquant" explique avant tout Yann Raison du Cleuziou, maître de conférences en Sciences politiques à l’Université de Bordeaux, chercheur au CNRS, auteur de "Qui sont les cathos aujourd’hui ? Sociologie d’un monde divisé" et de "Une contre-révolution catholique" (éd. du Seuil).
Cela dit, si l’on compare avec ce que représentait le catholicisme dans la société française il y a plusieurs dizaines d’années, les liens entre les catholiques et l’Eglise sont aujourd’hui plus distendus. "On est dans une religion qui devient minoritaire, mais qui a marqué l’histoire de la France, qui reste une matrice culturelle. Par conséquent, les fêtes de Noël et de Pâques sont partagées massivement et cela reste pour les familles l’occasion de maintenir un petit lien avec la culture religieuse qui était celle de leurs parents ou de leurs grands-parents" ajoute-t-il.
Aujourd’hui, bien que la pratique religieuse diminue et que les chrétiens sont de moins en moins nombreux dans l’Hexagone, le catholicisme ne sera jamais une religion et une minorité comme une autre en France, précise Yann Raison du Cleuziou. "Du fait de l’histoire, du fait que la société française, même si elle est détachée de la foi, elle continue à fonctionner à partir de cette matrice catholique. Il est intéressant d’insister sur le caractère patrimonial du catholicisme. Ce n’est pas un patrimoine mort, cela reste une mémoire" lance-t-il.
Sur le plan de l’échiquier politique, le vote catholique ne représente pas grand-chose mais il est stable depuis les années 70 explique le sociologue. "Ils votent très majoritairement pour la droite depuis les années 70. Lors de la dernière élection, avec l’élimination de François Fillon, il y a eu un report de voix sur Emmanuel Macron. Mais ce qui évolue depuis les années 70, c’est le vote en faveur du Front National" analyse Yann Raison du Cleuziou. Ce dernier précise, à propos des prochaines élections européennes, que "comparativement au reste des électorats français, l’électorat catholique conserve des convictions européennes".
Yann Raison du Cleuziou a cependant observé que la parole et la représentation catholique était revenue progressivement au cœur du combat politique, du moins à droite : le mariage pour tous, les primaires de la droite et du centre avec la mobilisation des réseaux catholiques en faveur de François Fillon, et François-Xavier Bellamy à la tête de la liste LR aux européennes, une élection très importante pour ce parti, puisqu’elle sera l’élection de la reconstruction après l’échec de la présidentielle.
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