Hier alliés, les séparatistes du Sud du pays soutenus par les Emirats Arabes Unis attaquent à Aden les forces du gouvernement soutenu par l’Arabie Saoudite. Deux pays qui sont membres de la coalition qui combat les rebelles houtis, soutenus quant à eux par l’Iran. Les multiples protagonistes sont nombreux et divisés.
"L’une des divisions secondaires s’exprimait il y a quelques semaines lorsqu’Ali Abdallah Saleh a quitté la coalition politiquement, et puis physiquement. C’était une divergence interne. Les deux camps radicaux sunnites Daech et Al Qaeda se battent entre eux, c’est aussi une division secondaire. Mais il y avait au sein de la coalition dite émirati-saoudienne, une petite divergence qui vient de s’expliciter : on va dire que les Saoudiens particulièrement attentifs à ce qui se passe sur la frontière Sud de leur royaume ne souhaitent pas particulièrement avoir les Houthis qu’ils combattent comme voisins. Les Émiratis semblent par contre s’accommoder d’une situation où le Sud redeviendrait un pays autonome et où ils y joueraient un rôle particulier notamment en prenant le contrôle du port d’Aden. Ils se voyaient donc bien soutenir le mouvement séparatiste qui s’en prend à ce gouvernement que soutiennent les Saoudiens. Ce gouvernement dit légal reconnu par la communauté internationale, mais qui est en fait peu présent à Aden, vient de subir un désaveu juridique avec l’annonce d’une entité d’un contre-gouvernement sudiste et vient de subir des défaites militaires. Un nouveau front s’est ouvert" analyse François Burgat, spécialiste du Moyen-Orient.
"Cette énième division profite aux Houthis au Nord qui voient le camp auquel ils s’opposent principalement être une nouvelle fois affaibli. L’impasse actuelle de cette guerre est que la campagne militaire saoudienne, surtout aérienne, n’a pas donné de résultats militaires significatifs. Il semblerait que l’on se rapproche d’une option séparatiste qui ramènerait le Yémen dans la situation dans laquelle il était avant 1990" conclut-il.
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