Déjà peu compréhensible, le conflit au Yémen s’est un peu plus complexifié ces derniers jours. Hier alliés, les séparatistes du Sud du pays, plutôt soutenus par les Emirats Arabes Unis, attaquent depuis trois jours à Aden les forces du gouvernement, reconnues par la communauté internationale et soutenues par l’Arabie Saoudite.
Mardi 30 janvier, les séparatistes ont réussi à prendre le contrôle d’Aden en encerclant le palais présidentiel. Après trois jours de combats meurtriers contre leurs anciens alliés, les forces gouvernementales, ils contrôlent désormais la seconde ville du pays. Ces dernières ont d’ailleurs perdu la plupart de leurs positions stratégiques. D'après le Comité international de la Croix-Rouge (CICR), les combats ont fait au moins 36 morts et 185 blessés depuis dimanche dernier.
Toutes les autorités ne sont pas présentes au Yémen. Le président Hadi est actuellement réfugié en Arabie saoudite. Cela dit, son premier ministre, Ahmed ben Dagher, ainsi que plusieurs autres membres du gouvernement résidaient ces derniers jours dans le palais présidentiel.
Alors qu’on présente cette guerre au Yémen comme un conflit par forces interposées, entre Saoudiens et Iraniens, on s’aperçoit que les nombreux camps engagés dans cette guerre sont eux-mêmes divisés. "Des divisions secondaires", pour François Burgat, spécialiste du Moyen-Orient.
"L’une des divisions secondaires s’est exprimée il y a quelques semaines lorsque le président Saleh a quitté la coalition, politiquement, puis physiquement. On sait que les deux camps radicaux sunnites Daech et Al Qaeda se battent entre eux, c’est aussi une division secondaire. Et il y avait au sein de la coalition dite émirati-saoudienne une petite divergence qui vient de s’expliciter" précise François Burgat.
Un revirement qui entame un peu plus l'autorité et la légitimité du gouvernement yéménite reconnu par la communauté internationale. "Ce gouvernement dit légal, reconnu par la communauté internationale, qui est en fait peu présent à Aden, il n’a qu’un ou deux ministres, vient de subir un désaveu juridique avec l’annonce d’une entité, d’un contre-gouvernement sudiste, et il vient de subir des défaites militaires, puisqu’il ne reste que la garde présidentielle qui résiste mais les milices soutenues par les Emirats, qui soutiennent le Conseil de transition du Sud, ont marqué plusieurs points décisifs sur le plan militaire depuis trois jours. Un nouveau front s’est ouvert dans cette crise yéménite très complexe, dont la population paie largement les frais" analyse encore François Burgat.
L’Arabie saoudite, qui bombarde les rebelles chiites Houthis depuis près de trois ans sans succès militaire mais au prix d'un désastre humanitaire de grande ampleur, appelle à la retenue entre anciens alliés yéménites. Elle demande également l'ouverture prochaine de négociations.
RCF est une radio associative et professionnelle.
Pour préserver la qualité de ses programmes et son indépendance, RCF compte sur la mobilisation de tous ses auditeurs. Vous aussi participez à son financement !