Le 6 octobre, la Journée Nationale des Aidantes et des Aidants mettait en lumière un rôle essentiel, souvent épuisant. Gaëlle de Decker, psychologue au CHU de Montpellier et psychanalyste, explore comment être aidant sans s’oublier, en valorisant la reconnaissance de ses propres besoins et limites.
En France, 11 millions de personnes sont aidantes, assumant un rôle parfois invisible mais essentiel pour leurs proches. Le 6 octobre, la Journée Nationale des Aidantes et des Aidants nous invitait à réfléchir à cette réalité souvent méconnue. Gaëlle de Decker, psychologue au CHU de Montpellier et psychanalyste, explore comment être aidant sans s’oublier, tout en valorisant la reconnaissance de ses propres besoins et limites.
Être aidant, c’est accompagner un proche en situation de dépendance : maladie, handicap, ou grand âge. Ce rôle, majoritairement assumé par des femmes (60 % des aidants), est souvent vécu comme une évidence, sans être véritablement reconnu comme un travail. Mais cette tâche peut devenir un poids lourd, épuisant, quand elle s’ajoute à d’autres responsabilités.
Certaines aidantes, confrontées à leur propre maladie, comme le cancer, réalisent brusquement la place qu'elles occupent dans la vie de leurs proches et l'impact sur leur propre santé. Ces moments de crise permettent parfois une prise de conscience : leur bien-être personnel est trop souvent relégué au second plan.
La charge mentale liée à cette responsabilité est immense. Qu’il s’agisse de gérer des rendez-vous médicaux, des soins ou simplement d’être disponible, l’aidant jongle souvent entre plusieurs "vies" : professionnelle, familiale et celle de l’accompagnement. Cela peut mener à un épuisement chronique, voire à des troubles de santé graves.
Les études montrent que poser ses propres limites est une étape essentielle pour éviter cet engrenage. Pourtant, beaucoup d’aidants peinent à envisager une aide extérieure, freinés par un sentiment de culpabilité ou par une logique familiale : "Mes parents se sont occupés de moi, c’est à mon tour."
Comment, alors, continuer à être aidant tout en s’épargnant ? La première étape est d’identifier ce rôle pour ce qu’il est : un véritable travail. Reconnaître ses besoins et accepter de demander de l’aide, ponctuelle ou régulière, peut changer la donne. Associations, aides à domicile ou groupes de soutien offrent des solutions, mais encore faut-il s’autoriser à les solliciter.
La maladie, pour certains aidants, agit comme un "révélateur". Elle impose une pause forcée et recentre l’attention sur leurs propres besoins. Comme l’ont confié certaines patientes du CHU de Montpellier, cette expérience, bien que douloureuse, a parfois permis de rééquilibrer les dynamiques familiales, obligeant les proches à reconnaître leur rôle et à partager les responsabilités.
Être aidant, c’est souvent un acte d’amour. Mais cet amour ne devrait pas se faire au détriment de soi. Accepter ses limites, partager la charge, voire la déléguer, ce n’est pas un abandon : c’est une preuve de respect envers soi-même et envers ses proches.
Le Collectif "Je t’aide", qui organisait en 2024 la quinzième Journée Nationale des Aidantes et des Aidants, rappelle cette nécessité : valoriser les aidants, leur offrir des ressources et les accompagner dans cette prise de conscience. Parce qu’on ne peut aider durablement que si l’on prend soin de soi.
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