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Joseph Tordoir : la généalogie suscite beaucoup d'intérêt aujourd'hui !

Un article rédigé par Yves Thibaut de Maisières - 1RCF Belgique, le 14 juin 2024 - Modifié le 29 août 2024
16/17La généalogie, une passion intergénérationnelle

La généalogie est une passion qui n'intéresse pas que les retraités ! Les nombreux sites dédiés, les archives de l'Etat ou d'autres moyens existent pour établir ses filiations. Joseph Tordoir, président du cercle d'Histoire, d'archéologie et de généalogie de Wavre, nous explique cet intérêt et les moyens de recherche pour devenir expert de l'histoire de sa famille. Les propos sont recueillis par Yves Thibaut de Maisières. 

Pixabay - généalogiePixabay - généalogie

La société s'intéresse-t-elle encore à la généalogie aujourd'hui ? 

Joseph Tordoir : Je pense que l'intérêt est bien présent. La période Covid, notamment, a amené les personnes à peut-être avoir consacré un peu plus de temps à leur famille ou à leur chez soi, entre guillemets. Et nous avons eu de nouveau une petite vague, une vague l'aide plutôt de personnes qui se sont intéressées à la généalogie à nouveau. J'en ai connu une autre dans les années 80.

C'est une volonté de découverte, une forme d'introspection quand même, parce qu'on essaie, je pense, que certaines personnes essaient de comprendre d'où elles viennent tout simplement, et de se replacer dans le cadre de l'histoire d'une société. Je suis devenu historien - d’abord par mon intérêt pour la généalogie -, puis, j'ai voulu, enfant, essayer de mieux comprendre les événements. Dans le domaine de la généalogie, je pense que la curiosité et la volonté de découvrir des choses que les autres ne connaissent pas, c'est un moteur. 

La première tendance, quand on s'interroge à la généalogie, c’est d’effectuer ses recherches sur Internet. Les sites internet offrent-ils une fiabilité suffisante quand on débute dans cette activité ? 

J. T. :  je pense que c'est une chance de disposer de ce type de site. D'abord, ce que vous avez comme informations, ce sont les informations de base, donc il n'y a absolument aucun problème. Vous pouvez accéder à des registres paroissiaux, ou des registres d'informations tout à fait fiables. Si vous êtes en Belgique et que vous voulez avoir une information sur un acte de naissance en Espagne, ou des informations sur une famille en Espagne à la fin du 18e, vous auriez très difficile de pouvoir avoir accès à ces infos, sans passer par exemple par ce type de site. Parallèlement à ça, les sites de généalogie sont interactifs. 

Mais il y a aussi d’autres sources pour les généalogistes. Dans les grandes villes, généralement, il y a plus d'archives qui ont été conservées. Les registres paroissiaux sont incontournables. Sans compter aussi le site des archives de l'État, qui est totalement gratuit. Par ce biais, on a aussi une forme d'accompagnement historique, une méthode de travail, sans devoir se déplacer de chez soi.

Comment effectuer des recherches pour des noms de famille très communs ?

J. T. : Ce n’est pas nécessairement une complication. La question est de savoir à quel niveau, à quel échelon on va pouvoir établir des liens génétiques entre les noms de famille très communs. Il y a des personnes qui travaillent sur l'ADN et qui permettent de savoir s'il y a un peu de chance d'avoir des personnes apparentées. On a parfois des gens qui portent le même nom, mais qui n'ont plus du tout le gène identique. Parfois, vous retrouvez deux personnes qui portent le même patronyme, mais qui habitent à 500 kilomètres de distance. Et bien, elles ont un ancêtre commun à cette 13e, 14e ou 15e génération. C'est assez surprenant, mais c'est grâce aux progrès de la science. 

Les registres paroissiaux ne sont pas les seules sources historiques utiles. Ce n’est pas tout, vous avez les archives des notaires, les greffes cabines où on dirait les justices de paix. Avec un peu de chance, l’un de vos aïeux a pu être une brute causant des ennuis avec tout le village ou des dettes ou quelqu'un qui a eu droit à quelques jours de prison. Ceux-là ont laissé des traces, voyez-vous…

Le moindre petit élément qu'on trouve, c'est celui qui va  peut-être vraiment orienter un petit peu la recherche.

Les sources de la généalogie

 

C'est quoi cette notion de registres paroissiaux ? Jusqu'à quand les situe-t-on ? 

J. T. : sous l’Ancien Régime, dans les pays espagnols, dans les pays de religion catholique. Les premiers qui sont conservés, les plus anciens, pour la Belgique, datent de 1565. Il s’agit des registres de Sainte-Gudule à Bruxelles. C'est durant cette période, en 1563, qu'il est décidé de la nécessité que les curés dans leurs paroisses tiennent compte des baptêmes, des naissances et des mariages. 

Il y a quand même deux, ou trois niveaux de compréhension. L’utilité des registres paroissiaux, c'est à la fois pour éviter la consanguinité, pour obtenir des dispenses. Et puis, en pleine période des guerres de religion, petit à petit, les curés se sont attelés à noter tous les décès, y compris les décès d’enfants. 

C'est au milieu du XVIIe qu'on a commencé à les rendre assez complets, je dirais, au niveau des communautés villageoises, qui finalement, correspondaient aux communautés paroissiales. Ces registres ont continué. Le document a eu une valeur, je dirais, totalement officielle jusqu'à la fin du 18e siècle, au moment de la Révolution. Ils n'ont pas été brûlés parce qu'ils ont plutôt été très recherchés, en ce sens qu’ils étaient des rares éléments qui permettaient à la conscription, de connaître l’identité de ceux qui étaient en âge de combattre. savoir quels étaient les enfants ou les garçons qui étaient en âge. C’est une des raisons qui ont amené les prêtres à en cacher certains de l'autre côté du Rhin. 

Précisons que la qualité de l'information dépend de la personne qui tient les registres. Des prêtres ont parfois écrit l’histoire de leur village, leur communauté. archives de leurs paroisses, faire leur histoire de leurs paroisses, par le biais des archives. Quand on a la chance d'avoir des ancêtres issus d'une paroisse - ou ayant vécu dans une paroisse - où les prêtres étaient plus scrupuleux, on a beaucoup de chance ! 

Les sources méconnues de la généalogie 

 

Quelles sont les autres sources méconnues de la généalogie ? Qu’est-ce qu’un “crayon” ? 

J. T. :  les crayons généalogiques, en fait, c'est le nom qu'on donne à des travaux en quelque sorte. En fait, c'est le travail que vous faites aussi. Vous établissez un crayon. Donc, en fait, vous allez “crayonner” sur une grande page, sur laquelle on établit des filiations. À la fois la filiation ascendante (vous allez vous demander chaque fois, les grands-parents, les parents puis les grands-parents, les arrières et grands-parents de chacun de vos aïeux) et puis la filiation descendante (vous partez d’un ancêtre et vous allez établir toute sa descendance, quel que soit les patronymes portés). 

Le “crayon généalogique”, ce sont donc des travaux qui ne sont pas nécessairement terminés, mais qui ont été réalisés par d'autres personnes, d'autres chercheurs avant vous. L'erreur humaine existe toujours, ce n'est pas quelque chose qu'il faut prendre à 100%, c'est un bon travail, c'est un bon départ pour travailler.

Une autre source, c’est le microfilm. Le terme est tiré de l'expression qu'on utilise. En fait, les Mormons ont eu, dans les années 70, la possibilité de microfilmer avec la méthode de l'époque. Aujourd'hui, on parlerait de numériser, ou de digitaliser. À l'époque, ils ont fait des microfilms de tous les registres paroissiaux. Il y a des microfilms qui se trouvent aux archives générales du Royaume en Bruxelles. Maintenant, vous y avez accès immédiatement par le biais de sites internet des archives de l'État. Vous avez directement accès à ces registres qui sont cette fois-ci, ils sont numérisés, ont été numérisés ou ont été digitalisés. Vous avez même certains microfilms qui ont également été mis sur un support.

Les recensements en Belgique

 

Quels sont les grands recensements que la Belgique a connus ? 

J. T. : Les registres paroissiaux ont perdu leur valeur officielle en quelque sorte à l'époque républicaine. On va dire 1796. Les registres d'État civil ont suivi. Dans le duché de Brabant, on avait déjà eu ce qu'on appelle des recensements, des recensements à vocation fiscale. A la période française, un premier grand recensement a été réalisé en 1795. 

Il y a eu un grand recensement en 1830, peu de temps après l'indépendance. Et puis on a le registre de population. 

En fait, vous n'avez jamais de recensement dans les registres paroissiaux. C'est plutôt une accumulation annuelle. Parallèlement aux registres, il y avait les informations fiscales. On va comparer les recensements des familles avec leur bétail, pour les taxation, recensement des habitations et autres. Ça n'avait rien de religieux.

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