Le sentiment d’accélération du temps est quasiment universel dans nos sociétés occidentales. Entre le travail, la famille, les amis et les activités, nombreux sont ceux qui ont l’impression de vivre en apnée. Une sensation qui touche particulièrement les femmes, selon Axelle Trillard qui veut voir les femmes devenir pionnières du ralentissement.
On n’a pas besoin de vivre à 100 à l’heure pour vivre à 100%. C’est le postulat d’Axelle Trillard, présidente de l’association Le défi des femmes aujourd'hui. Elle observe que les femmes sont plus enclines à manquer de temps pour leurs enfants, à vouloir tout maîtriser et à combiner travail domestique et vie professionnelle. "Elles ont la vie dure et sont débordées", avance l’intervenante. Des propos étayés par des enquêtes, dont une qui montre que les femmes sont de plus en plus victimes d’AVC ou de burn-out. Cette charge mentale dont on parle de plus en plus "donne l’impression de vivre en apnée".
Selon Axelle Trillard, les nouveaux modes de vie contemporains ont leur part de responsabilité ; il est selon elle difficile de résister. "On a envie de tout faire en même temps. Beaucoup s’écroulent en chemin. Il n’est pas possible de laisser des femmes dans cet état", alerte-t-elle. Ce constat la pousse à agir. En 2017, lors d’un colloque "Femmes et foyer : le bon choix au bon moment", plus de 600 femmes sont présentes. La salle est comble. "En sortant de cette aventure, certaines se sont dit qu’elles ne voulaient pas en rester là. On a créé l’association et organisé d’autres colloques", explique Axelle Trillard. Le prochain aura lieu le 18 novembre 2023 et traitera, justement, du ralentissement pour les femmes.
"Tandis que le monde carbure à 100 à l'heure, une minorité grandissante a choisi de ne pas tout faire à toute vitesse", écrivait Carl Honoré dans son éloge de la lenteur. Pour Axelle Trillard, "il y a là un vrai sujet". Pour s’épanouir, pas besoin de vitesse. "La vitesse devient problématique quand elle est normée : c’est le trop de vitesse qui abîme les femmes".
Ralentir, donc, c’est mettre toutes ses chances de son côté. Cela profite à la santé, mais permet aussi de se reconnecter à soi. "Quand on ralentit, on reconnaît l’autre comme humain, on ré-apprivoise ses limites et ses fragilités", affirme celle qui estime que le ralentissement permet une prise de recul, de hauteur et de distance.
Axelle Trillard invite à "oser la pause". Si c’est aussi difficile pour les femmes, c’est "parce que les femmes culpabilisent quand il s’agit d’arrêter". Un sentiment qu’elle estime "propre à la nature des femmes". "Et si les femmes étaient les pionnières de ce ralentissement ?", questionne Axelle Trillard. Cet art de la lenteur est applicable à tous les domaines de la vie. Et, en plus, "il est possible de se dépêcher doucement. L’équilibre est tellement précieux", rappelle l’intervenante. Ces ralentissements peuvent se faire très concrètement et à moindre échelle : arrêter de prendre l’ascenseur, faire des vraies pauses café, s'asseoir et respirer, s’apaiser, prendre de la distance… Ce ne sont pas les idées qui manquent, et cela n’implique en aucun cas de renoncer à l’efficacité.
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