Le 7 octobre 2016, cela fera 10 ans que la journaliste russe Anna Politkovskaïa a été assassinée. Le 7 octobre 2006 elle était retrouvée morte dans le hall de son immeuble à Moscou, tuée alors qu’elle s’apprêtait à prendre l’ascenseur. Les commanditaires du crime n’ont toujours pas été inquiétés.
10 ans après, Anna Politkovskaïa reste dans le monde entier un exemple pour le journalisme d'investigation. Selon Johann Bihr, de Reporters sans frontières, elle incarne 'le journalisme indépendant dans ce qu'il a de plus emblématique'. 10 ans après, RCF rend hommage au courage de cette femme dont l'engagement était total. Elle a payé de sa vie son 'combat obstiné pour le respect des droits et des libertés', comme l'explique Aude Merlin.
Anna Politkovskaïa s'est fait connaître par de nombreux livres, dont la plupart ont été traduits par Galia Ackerman. En 2005, elle publiait 'Tchétchénie, le déshonneur russe' (éd. Gallimard, 2005), où elle dénonçait les crimes commis par le pouvoir russe contre les civils tchétchènes.
C'est en 1994 que la première guerre a commencé entre Moscou et la Tchétchénie, qui avait proclamé son indépendance en 1991. Un cessez-le-feu 'qui était en réalité un entre-deux-guerres', précise Aude Merlin, a été proclamé en 1996, suivi de la reprise en 1999 de la guerre - même si la Russie de Vladimir Poutine n'a jamais officiellement employé le terme. La dernière 'opération anti-terroriste' menée par Moscou date de 2009.
On parle de 10% de la population civile tchétchène exterminée. On ne connaîtra jamais les chiffres exacts, mais 'pour les Tchétchènes', ces guerres ont pris 'une tournure quasi-génocidaire', d'après Aude Merlin. Utilisation à grande échelle de la torture, bombardements suivis d'opérations de nettoyage, enlèvements... Aujourd'hui la reconstruction matérielle de la République de Tchétchénie donne l'illusion de la paix sous la présidence de Ramzan Kadyrov, le 'tyran au pouvoir aujourd'hui', selon les mots de la politologue.
Anna Politkovskaïa était une voix singulière dans le monde russe. Galia Ackerman qui était aussi son amie a pu l'observer chez elle, avec ses amis et ses enfants. Elle se souvient d'une femme fidèle à ses idées, dont l'engagement était total, mais également auprès de sa famille et de ses proches. 'Elle vivait sa vie pleinement', même si certains ont cru qu'elle était une femme dure, tellement elle était tenace, 'debout contre vents et marées', dit Aude Merlin. 'Ce qui est triste c'est qu'elle était très solitaire dans ce combat', constate avec amertume Galia Ackerman.
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