Au Teil, l’émotion perdure, même un an après, à l’image du maire, Olivier Peverelli qui s’est adressé, gorge serrée, à Olivier Dussopt, le ministre chargé des comptes publics lors de l’anniversaire du séisme. La cérémonie s’est ponctuée sur une chanson écrite par le groupe local Manbouss, devenue l’hymne de la commune.
Un an après, 600 bâtiments sont inhabitables. Les dossiers des sinistrés trainent sur les bureaux des assurances. Le moral est atteint. "On a eu des retards dans les constatations, de la mauvaise foi dans les préconisations. Ça commence à être difficile de n’avoir pas vraiment d’horizon", déplore Marie-France, 75 ans, relogée avec son mari dans un petit appartement du centre ville. Une impression aussi de ne plus avoir de chez soi, du jour au lendemain.
Corinne, elle, a vu sa maison et celle de ses parents être rasées. Une maison qui appartenait à sa famille depuis près de quatre siècles. Jeannot lui, habite dans un mobile-home en attendant de voir une nouvelle maison sortir de terre. Sa vieille ferme a subi trop de dégâts. "Ça fait du souci quand même. Il y en a pour un certain temps de travaux et on ne sait pas combien ça va coûter à la sortie", raconte cet homme qui approche les 80 ans. Pas facile de suivre toute cette paperasse administrative, étalée sur la banquette de son mobile home.
De plus en plus d’habitants du coin deviennent adhérent au collectif de sinistrés qui compte 737 membres actuellement. Objectif : apporter des informations, accompagner les habitants dans les démarches avec les assureurs, les experts, les avocats, banques et entreprises. "Un séisme en France on ne savait pas ce que c’était. Les compagnies d’assurance ont été débordées par rapport au nombre de dossiers à gérer", explique Stéphane Lecaille, président du collectif des sinistrés. Selon lui, il y a une raison à la lenteur des démarches administratives. Et les deux confinements n’ont rien arrangés.
Le collectif a organisé un sondage auprès de ses adhérents en septembre. Selon Stéphane Lecaille, seuls 30% des dossiers des sinistrés sont résolus. 40% sont en négociation, et 30% n’ont pas encore eu de proposition ou même de passage d’experts. "Le code des assurances impose que les travaux soient réalisés dans un délai de deux ans après les sinistres. On est aujourd’hui à un an, on sait très bien que dans un an ce sera pas fini", affirme Stéphane Lecaille.
Mais la reconstruction a enfin commencé. Notamment dans les écoles. Toutes pourront rouvrir à la rentrée 2021 a annoncé le maire. Mais il faudra attendre plusieurs années pour voir la ville renaître réellement.
Ce séisme coûte à la ville du Teil 160 millions d’euros de dégâts concernant les habitations et 40 millions d’euros de dégâts concernant les bâtiments public ou semi public. Une grosse somme pour cette petite commune ardéchoise de moins de 10 000 habitants. Le département, la région mais aussi l'État vont apporter leur pierre à l’édifice. "L’État a engagé plus de deux millions d’euros sur les opérations de secours et accompagne la commune du Teil pour que cette commune puisse bénéficier des dispositifs de relance", a assuré Olivier Dussopt, ministre chargé des comptes publics et ancien député ardéchois.
Il faudra du temps et de l’argent, deux choses qui manquent à certains habitants du Teil. "Toutes ces familles de sinistrés se sont retrouvées en difficulté. Il y a des gens qui ont besoin de mobilier, de vêtements et d’aide financière. On espère un futur plus positif", affirme Patrick Herault, secrétaire du secours populaire du Teil. Une solidarité qui aidera à cimenter les murs de la ville dans les prochaines années.
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