Et à la fin ils meurent

Une encyclopédie sur les contes de fée

Une princesse aux bras coupés, un prince aux yeux crevées, un petit chaperon avec un panier sanguinolent. Tout cela est un peu dérangeant, pourtant cet album au petit format attire l’oeil, avec sa  tranche dorée et son joli ruban pour marquer les pages. Heureusement son titre des plus explicites remet les choses en place. Et à la fin ils meurent la sale vérité sur les contes de fées.

Le bonheur conjugal et les familles nombreuses heureuses ça ne court pas vraiment les contes, que ce soit dans la tradition orale ou chez Perrault ou Grimm, où tout est un peu plus torturé. Si Perrault et les frères Grimm ont couché sur le papier des contes issus de la tradition orale, leurs intentions sont différentes : Perrault est un des premiers à destiner ces contes aux enfants et pour cela ils leurs ajoutent des morales, son écriture est extrêmement raffinée et décrit un monde enchanteur. Quant aux Grimm et bien il s’agit de collecter leur patrimoine culturel pour affirmer l’identité allemande. et avec eux on va à l’essentiel moins de détails et plus d’action.

Tout cela, on l'apprend dans cet album. C’est vraiment une petite encyclopédie sur les contes de fées. Les origines des contes, les auteurs, les autrices avec aussi des questions très contemporaines : les contes de fée sont-ils sexistes ? Les contes de fées sont-ils racistes et pourquoi n’y a t-il jamais de personnes homosexuelles dans ces histoires ?

 

Des histoires édulcorées par Disney

Disney n'a fait qu'agir comme un rouleau compresseur qui a tout édulcoré. A l'origine les contes sont bien plus violents, la sexualité bien plus présente, les princesses ne sont pas toujours de pauvres jeunes filles naïves et les princes sont rarement charmants. Pour nous expliquer tout ça, on découvre les différentes versions de Blanche-neige, de Cendrillon ou du Petit chaperon rouge. Et c’est vraiment effrayant. Cendrillon surtout en prend pour son grade, loin de la charmante ingénue qui chante avec les oiseaux on découvre une peste manipulatrice et perverse.

Ce livre n'est évidemment pas destiné aux enfants. D’ailleurs dès la page 7, il y a un petit rappel : si tu t’appelles Timothée et que tu as 8 ans c’est le moment de changer de livre. Donc on évite de l’offrir à Noël à la petite Margot ou pour les 10 ans du petit Gaspard.

Ce livre est surtout très drôle. Vous allez apprendre plein de choses et beaucoup rire. Les anachronisme sont légion, les princesse en prennent pour leur grade, les princes aussi, mais attention la langue est très crue, les grossièretés nombreuses, les dessins équivoques aussi. Tous ces contes ont façonné notre imaginaire, c’est vraiment passionnant de comprendre d'où ils viennent et comment ils sont structurés. L’autrice Lou Lubi le fait avec beaucoup d’érudition mais surtout beaucoup d’humour.