Nous ne sommes pas égaux. Face au confinement. Mais également face au déconfinement. "Une crise nous provoque à penser. Mais si la crise est un événement, le danger c'est qu'on l'instrumentalisé pour ressortir nos mêmes histoires ou notre idéologie habituelle. La vraie question, c'est qu'est-ce que cette crise nous dit, en tant qu'événement, comme le dévoilement d'une fragilité humaine, radicale ?" s'interroge Fabrice Hadjadj, philosophe, dramaturge, directeur de l'Institut Philanthropos, à Fribourg.
"On parlait beaucoup de transhumanisme, juste avant, on avait tendance à oublier l'humain, et cette épidémie nous a rappelé des temps très anciens depuis les premières grandes épidémies. On a retrouvé une espèce de continuum humain. Nous sommes toujours des humains. Et nous devons encore être des humains" ajoute le philosophe .
"Le confinement a été fait pour nous isoler face au virus. Mais il a fait de nous des poissons rouges. On était en retrait, et sans cesse exposé, comme si le coronavirus était la seule actualité du monde. Le confinement était quand même pour beaucoup un dispositif de sidération, avec une énorme difficulté pour prendre du recul. Il n'y avait plus que ça", lance-t-il.
Une situation accrue par les réseaux sociaux. Nous avons tous été connectés. "La rencontre de la viralité microbienne avec la viralité numérique nous renvoie à quelque chose sans précédent. La grippe de Hong-Kong en 1968 a fait beaucoup de morts, sans créer une telle situation. Nous étions mûrs pour quelque-chose de ce genre en raison de notre connexion sur les réseaux", estime Fabrice Hadjadj.
"Le confinement n’a fait que renforcer les inégalités. On a vu une chute de la croissance, le chômage, mais aussi le fait que les gens ont été profondément bouleversés dans leur vie par les épidémies. Je suis un bourgeois. Je vis dans une maison, j’ai un jardin. On est dans des conditions très bonnes. Mais des personnes qui ont des logements précaires, qui n’ont même plus la respiration des espaces publics, pour eux, cela a été terrible. Un manque à gagner et une plongée dans un monde de misère", conclut le philosophe.
RCF est une radio associative et professionnelle.
Pour préserver la qualité de ses programmes et son indépendance, RCF compte sur la mobilisation de tous ses auditeurs. Vous aussi participez à son financement !