C'est à Arles, dans son bureau, que Françoise Nyssen, directrice de la maison d'édition Actes Sud et ancienne ministre de la Culture, témoigne au micro de Thierry Lyonnet. Elle nous raconte les coulisses de la maison d'édition, fondée en 1987 par son père, Hubert Nyssen, ainsi que les oeuvres littéraires qui y sont nées mais également son engagement fort pour l'écologie et l'éducation. Rencontre avec une femme de culture et d'actions.
Une table de ferme en bois, des tomettes provençales, une affiche de Paul Auster, écrivain vedette de la maison et évidemment des livres, beaucoup de livres. Voilà à quoi ressemble le bureau de la directrice. Un lieu simple et chaleureux où la famille Nyssen est installée depuis de nombreuses années et qui semble loin des ors de la république et des anciens bureaux de Francoise Nyssen au ministère de la Culture, rue de Valois.
Dans son livre 'Plaisir et nécessité', Françoise Nyssen dit d'elle même : 'Je ne suis pas une contemplative, je ne suis pas une philosophe, je ne suis pas un écrivain, je ne suis pas une artiste, mais je me suis toujours considérée au service de '. Ce sens du service et de l'engagement s'enracine dans l'éducation que l'ancienne ministre a pu avoir mais aussi dans sa personnalité. 'Pour moi c'est intrinsèque à moi-même, je me sens dans cette cohérence là et habitée par cela. Comme dirait Becket 'bon qu'à ça' explique-t-elle.
Françoise Nyssen est un électron libre, son parcours le prouve. Sa passion pour les livres, elle l'a très jeune pourtant, elle choisit par la suite de faire des études de chimie puis d'urbanisme. Un parcours peu commun pour une future ministre de la Culture.
C'est pendant ses études en chimie, en Belgique, que Françoise Nyssen comprend la nécessité urgente de s'engager pour l'écologie. En visitant une usine, elle découvre les coulisses de l'industrie chimique mais surtout les aberrations de son système. À partir de ce moment-là elle se promet de ne jamais travailler dans ce secteur. 'Ça a été déterminant dans cet engagement face à cette industrie qui aujourdhui fait que, comme dit Bruno Latour, on n'en a plus que pour cinquante ans de sol. Le sol c'est notre plus grande richesse, notre plus grand patrimoine et on le pourri' lance-t-elle.
À la fin des années 70, Françoise Nyssen décide sur 'un coup de tête' de partir dans le sud, aider son père qui a fait le pari audacieux de créer une maison d'édition ailleurs que dans le 6ème arrondissement de Paris, une folie pour l'époque. C'est un besoin de cohérence, qui anime Françoise Nyssen et qui la pousse à quitter Paris, ville qu'elle n'apprécie pas tellement, sans oublier sa passion dévorante pour les livres.
La diversité et l'ouverture font partie de la personnalité de Françoise Nyssen et sont retranscrites dans le catalogue littéraire proposé par Actes Sud. Littérature, photographie, art, écologie, économie, aucune thématique n'échappe à la maison d'édition. 'Pourquoi cette maison accueille tant de diversité ? Parce que c'est la richesse et parce que c'est aussi chaque fois des aventures humaines, c'est des rencontres' explique-t-elle.
Françoise Nyssen s'engage aussi pour ceux qu'elle aime, notamment son fils Antoine, 'précoce, surdoué, dyslexique, dyspraxique et doté d'une intelligence très émotionnelle' qui s'est donné la mort en 2012. Avec son mari, Jean-Paul Capitani, elle créait l'école Domaine du possible. Un projet pédagogique au coeur de la nature où 'les enfants puissent apprendre dans le bonheur d'apprendre et qu'ils puissent être ce qu'ils sont' explique l'ancienne ministre de la Culture.
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