Aujourd’hui, il s’agit d’un des plus célèbres tableaux du XXe siècle. Oui, une œuvre monumentale, au propre comme au figuré, Guernica de Pablo Picasso, ce très grand tableau peint en 1937 après le bombardement d’une ville basque afin de dénoncer l’horreur de la guerre civile qui ravageait alors l’Espagne.
Chose peu connue, cette fresque de 3,50 m par 7,80 m a été reproduite à l’identique sous forme de tapisserie. Trois exemplaires ont été réalisés par une artiste lissière française, Jacqueline de La Baume, en collaboration avec Picasso. L’un des trois exemplaires a longtemps orné le hall d’entrée du Conseil de sécurité au siège des Nations unies à New York avant d’en disparaître en février 2021.
Heureusement, elle va revenir ! Cet exemplaire appartient à la richissime famille américaine Rockefeller qui l’a prêté à l’ONU en 1985. Or, l’an dernier, alors que le siège des Nations unies était quasiment vide du fait du confinement imposé par le Covid-19, les Rockefeller ont repris la tapisserie sans donner d’explication. Ce qui était très regrettable, tant la symbolique de cette image est comme un rappel de la mission première des Nations unies : empêcher les conflits qui provoquent toujours un terrible cortège de souffrances et de destructions.
Une anecdote témoigne de la force de cet avertissement : en 2003, les États-Unis avaient demandé que la tapisserie soit cachée derrière un tissu bleu avant une allocution du secrétaire d’État Colin Powell. Car il venait plaider pour une intervention armée massive en Irak.
La famille Rockefeller n’avait alors rien expliqué. Il est vrai que l’affaire était passée assez inaperçue du fait du Covid. Mais les pressions ont, semble-t-il, été suffisantes pour la tapisserie fasse son retour dans l’immeuble de Manhattan. Elle est en cours de raccrochage à l’entrée du Conseil de sécurité, a-t-on appris ce week-end. Nelson Rockefeller Jr a expliqué au New York Times que le retrait de février 2021 était dû à une nécessité de nettoyage et reconnu une erreur de communication. Il semble que la volonté de la famille soit aussi que l’ONU n’ait plus le monopole de cette œuvre et qu’elle puisse être prêtée pour des expositions dans d’autres lieux.
Il s’agit d’une copie en tapisserie. Où se trouve aujourd’hui le tableau original ?
C’est aussi une longue histoire ! À l’origine le tableau fut réalisé pour le Pavillon de l’Espagne républicaine à l’exposition universelle de Paris en 1937. Puis il demeura longtemps en dépôt au Musée d’art moderne de New York. Picasso avait décidé que le tableau irait en Espagne lorsque la démocratie y serait rétablie. Le peintre mourut en 1973, Franco, le dictateur espagnol, en 1975. Et le tableau arriva en Espagne en 1981. Il est exposé aujourd’hui dans un musée madrilène.
Par ailleurs, j’ai dit tout à l’heure qu’il existait trois exemplaires de la tapisserie. Eh bien, l’un d’entre eux est visible en France. Il appartient au musée Unterlinden de Colmar.
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