Des études scientifiques l'amènent petit à petit à s'engager à la suite du Christ.
extrait de "risquer de vivre" d'Irène Devos, lu par Catherine Dhérent :
(p.14-19) Après mon baccalauréat, je suis plus tranquille. L'état de ma jambe s'est stabilisé, je marche enfin sans souffrance, et j'ai pu envisager des études supérieures : j'ai longtemps hésité entre les sciences physiques, la biologie, peut-être même la médecine… Ce sont les sciences de la terre, qui l'ont emporté. Un choix cohérent quand j'y repense : la biologie, c'est scruter la vie. Je pressentais tout ce que cela signifie pour moi qui avais côtoyé de si près la mort : la vie intérieure ne demandait qu'à s'épanouir !
À cette époque, je ne pensais pas encore véritablement à la vie religieuse. Mais cette conquête scientifique ne m'a pas isolé d'une certaine quête spirituelle. Les sciences de la terre m'ont fait mesurer l'infiniment grand de l'univers. Dans les travaux de géologie se pose la question fondamentale de l'apparition de la vie sur terre. Le scientifique est à l'affût des moindres signes, de ces premières traces de la vie dans les entrailles minérales du sol. Et pour le croyant, Dieu est présent dans cette énigme. Un Dieu patient qui garde un immense respect de la nature, et laisse surgir tout le processus de la vie qui se met en place au fil de milliards d'années. Il est, lui, à l'origine. Il accompagne ce qui se passe puisque rien n’est fait de manière incohérente, il est là et laisse agir le temps de la vie, le temps de la création. Y a-t-il là quelque chose de divin ? Ce n'est certes pas une preuve de l'existence de Dieu–il n'y en aura jamais. Mais c'est là un signe surprenant : comment un univers qui n'aurait pas été pensé pourrait-il connaître une telle harmonie…
Et c'est vrai qu'entre ces différents colloques et enseignement, je retrouvais, lors de ces longues escapades en terre boulonnaise, cette solitude propice à l'observation scientifique, mais aussi au cheminement intérieur. C'est alors que quelque chose s'est précisé. Ce n'est pas un appel fulgurant. C'est plutôt un choix qui s'incarne avec la lenteur–mais aussi la force–des saisons. Une décision qui se forge au plus profond du cœur : pourquoi ne pas suivre le chemin de la vie religieuse ?
Alors même que les responsables universitaires sont enthousiastes de mon travail de jeune scientifique, au moment même où le poste d'enseignante m'attend au Bénin, j'annonce mon entrée au noviciat chez les sœurs de l'éducation chrétienne. Beaucoup ont été surpris. Certains n'ont pas compris.
Cette congrégation n'est pas proprement missionnaire, mais elle a des communautés implantée en tiers-monde–en Afrique notamment. Je connaissais plusieurs religieuses : j'avais trouvé chez elles cette vivacité intellectuelle qui faisait mon bonheur de chercheur, cette curiosité scientifique que j'ai moi-même goûtée. Et surtout, ces sœurs, avec leurs défauts, se révélaient souvent très originales. Pour moi, je ne cache pas que c'était un gage de respect et d'authenticité : avec elle, je pourrais rester moi-même." (p.14-19)
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