Jean-Marc Ela (1936-2008) est un pretre théologien camerounais, père de la théologie africaine de la libération.
Emission 4 :
Chers auditeurs, nous sommes encore en compagnie de Jean-Marc ELA, prêtre Camerounais et père de la théologie africaine de la libération.
Dans son ouvrage Repenser la théologie africaine. Le Dieu qui libère, nous allons nous intéresser à sa vision dynamique des ministères dans l’Eglise . Pour le théologien camerounais, l’Eglise doit permettre aux laïcs d’exercer certains ministères réservés aux prêtres dans des communautés délaissées du fait de la pénurie de prêtres, de l’enclavement ou de l’éloignement.
J’ai choisi le chapitre 11. Il s’intitule « Les ministères laïcs dans les communautés chrétiennes ». Dans ce chapitre, Jean-Marc ELA critique l’ecclésiologie qui fait du prêtre le détenteur privilégié d’un pouvoir sacré transmis par l’imposition des mains d’un évêque. Il compare cette hiérarchisation à outrance au « modèle féodal de la société médiévale où tout est hiérarchisé ». Il récuse cette doctrine qui met en tutelle les charismes et le laïcat.Ecoutons le théologien dans la voix de Frédéric FOLCHER :
À la lumière du Concile, on se rend compte que l'idée du « clergé » n'a pas de fondement biblique et évangélique. Elle est commandée par des facteurs socioculturels et l'influence de modèles politiques. Elle se réfère en particulier au modèle féodal de la société médiévale où tout est hiérarchisé. Le « clergé » est un « ordre » parmi d'autres. Des motifs théologiques inspirés par l'Évangile ne jouent presque aucun rôle déterminant dans cette vision de l'« ordre sacré ». où l'on retrouve l'influence du Pseudo-Denys l'Aréopagite[1] . Avec le clivage désormais établi entre clercs et laïcs dans une société cléricale qui se hiérarchise, les laïcs, bien qu'ils représentent la grande masse des fidèles, sont considérés comme une catégorie inférieure
Découverte« Il n’y a pas de ministère en soi », dit le théologien camerounais. Jean-Marc ELA combat le clivage entre les clercs et les laïcs. Restituer aux laïcs leur dignité, leur rôle et leur place dans la mission de l’Eglise relève de l’urgence pour les périphéries.
La substanceDans le sous-titre intitulé « besoins des communautés et mutation des ministères », le père de la théologie africaine de la libération invite l’Eglise en Afrique à actualiser les ministères selon le contexte et les besoins propres à chaque communauté. C’est dire que l’Eglise en Afrique doit renoncer à fonder la théologie des ministères sur le modèle occidental du clergé embastillé par le droit canonique. Jean-Marc ELA en appelle à la plus grande participation et implication des laïcs, hommes et femmes, dans la vie sacramentelle de l’Eglise dans des communautés où il n’existe pas de ministres ordonnés et partout où les prêtres brillent par leur absence ou leur désinvolture. Il suggère de permettre aux laïcs « d’accéder à un type de sacerdoce sans être soumis au célibat. Ils seront dès lors capables de présider l’Eucharistie, d’administrer l’Onction des malades et même de confesser dans ces communautés qui ont besoin de nourrir et faire vivre leur foi.
Aujourd’hui, Jean-Marc ELA invite tout le clergé non seulement à ne plus regarder les laïcs de manière condescendante, mais de faire des concessions dans la continuité de l’esprit évangélique afin leur permettre de mettre à contribution leur charisme
[1] . Sur ce sujet, lire J. Flamand, Pape et pasteur dans quelle Église ? Plaidoyer théologique, Ottawa, 1984, pp. 31-45 ; A. Ryez, art. « Denys l'Aréopagite » , Dictionnaire de spiritualité, t. III, 1957.
RCF est une radio associative et professionnelle.
Pour préserver la qualité de ses programmes et son indépendance, RCF compte sur la mobilisation de tous ses auditeurs. Vous aussi participez à son financement !